Accueil > Le Mag > Comment choisir son orientation vers une voie professionnelle au collège ?

La rentrée a démarré. Pour beaucoup de collégiens en 3e, l’hypothèse d’une poursuite d’études en voie professionnelle va se poser à partir du 2e trimestre. Et avec elle son lot de questionnements : Quel métier choisir ? CAP ou Bac professionnel ? Quelles sont les passerelles envisageables ? Quelles études éventuelles faire ensuite ?…

Voie pro 2022-2023 : le saviez-vous ?

La Réforme de la Voie Professionnelle, effective depuis 2019, a pour dessein notable de donner plus de temps aux élèves dans leurs choix d’orientation. Ainsi, en seconde, les lycéens sont invités à se prononcer sur une famille de métiers avant de sélectionner une spécialité en première.

Supprimé en 2021, le Brevet d’Études Professionnelles (BEP) est devenu une attestation de réussite intermédiaire délivrée en fin de première professionnelle.

Organisée pour la 1ère fois en décembre 2021, la Semaine des lycées professionnels est reconduite cette année. Elle permettra aux élèves, dès le collège, de découvrir les métiers et les formations auxquels mène la voie professionnelle.

Entamée en janvier dernier dans les lycées professionnels de certaines académies, l’expérience « Avenir Pro » se poursuit. Co-développé par Pôle Emploi et le Ministère de l’Éducation nationale, ce dispositif vise à accompagner les lycéens en passe d’obtenir leur diplôme professionnel (CAP ou Bac Pro) dans la perspective de leur insertion professionnelle.

voie professionnelle restauration

Orientation en voie professionnelle : voie de garage, réservoir d’emplois ou véritables choix d’avenir ?

Que l’on approuve ou non les innombrables évolutions opérées, les règles et les dispositifs encadrant la formation technique ou professionnelle ont de tout temps été corrélés, au moins en partie, aux besoins, mais aussi aux dérèglements de l’économie :

  • Naissance du Compagnonnage au Moyen-Âge afin d’assurer la transmission d’un savoir-faire;
  • Création du CAP accessible par concours à l’orée du XXe siècle pour encadrer les tâches des ouvriers;
  • Développement des centres d’apprentissage après la seconde guerre mondiale au moment de la reconstruction;
  • Lancement du Bac professionnel en 1985 pour favoriser l’accès des jeunes à l’emploi dans un contexte de chômage massif;
  • Réforme de 2009 avec un Bac pro en 3 ans au lieu de 4;
  • Mise en place du Bachelor Universitaire de Technologie (BUT) en 2021…

Dès lors, en France, s’opposent d’un côté ceux qui considèrent l’enseignement professionnel comme un outil de sélection sociale qui perdure et dont pâtiraient les classes « populaires », et de l’autre ceux qui l’envisagent comme un levier efficace d’employabilité.

L’enquête de la Cour des Comptes conduite en 2018 et remise à l’ancien Ministre de l’Éducation Nationale Jean-Michel Blanquer un an plus tard est plus explicite :

Les politiques nationales d’orientation qui, depuis les années 90, ont privilégié la voie générale et technologique au détriment de la voie professionnelle, ont de facto contrecarré les efforts engagés pour en améliorer l’attractivité et en faire une « voie d’excellence ». Les effectifs ont diminué de manière continue et accentuée depuis 2010. Le public scolarisé est resté en difficulté scolaire, voire en très grande difficulté scolaire pour nombre d’élèves accueillis en certification d’aptitudes professionnelles (CAP), et il est davantage issu de milieux défavorisés, voire très défavorisés. Conséquence de ces évolutions et d’une orientation le plus souvent fondée sur les seules difficultés scolaires repérées à la fin du collège, l’absentéisme et le décrochage scolaire sont particulièrement présents dans les lycées professionnels.
Cour des Comptes

Le constat n’est guère réjouissant. Reste que, désirée ou imposée, la voie professionnelle accueille chaque année près d’un tiers des lycéens. Plus de 650 000 jeunes invités à s’imprégner des dispositifs mis à leur disposition.

Orientation en voie pro : quel diplôme choisir ?

CAP ou Bac Pro. Le choix à faire en fin de collège a beau être restreint il peut s’avérer cornélien. Chacune des formations peut être suivie soit par la voie scolaire (lycée professionnel en particulier), soit par l’apprentissage (Centre de Formation des Apprentis).

Au programme : enseignements généraux (français, mathématiques…), enseignements techniques et professionnels dont la nature est fonction de la spécialité choisie, et Période de Formation en Milieu Professionnel (PFMP).

Dans le cadre de la réforme mise en place en 2019, de nouveaux dispositifs « pédagogiques » complètent ce programme, tels que la préparation d’un « chef d’oeuvre » ou l’aide au choix du parcours de formation.

CAP et Bac Pro sont organisés en familles de métiers et en spécialités. Les premières correspondent à des grands domaines d’activités (ex : Métiers des transitions numérique et énergétique…). Les secondes sont rattachées aux premières (ex : Installateur en chauffage, climatisation et énergies renouvelables…).

Il existe une vingtaine de familles de métiers, près de 200 « spécialités » pour le CAP et une centaine pour le Bac Pro.

femme apprenant la poterie

Le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) est une formation qui peut durer 1, 2 ou 3 ans selon le parcours de l’élève.

Il mène au statut d’employé ou d’ouvrier qualifié et concerne les jeunes désireux d’accéder rapidement à la vie active. Toutefois, une poursuite d’études peut être envisagée selon la situation de l’élève (préparation au Brevet des Métiers d’Art, Formation Complémentaire d’Initiative Locale…).

Par ailleurs, en cours d’études, des passerelles sont théoriquement possibles vers les autres filières : Bac Pro et Bac Technologique.

Le Bac Professionnel suit le rythme des autres baccalauréats : une formation en 3 ans de la seconde à la terminale.

Si la plupart des bacheliers professionnels optent pour la vie active, d’autres poursuivent leurs études dans le supérieur, en BTS pour la majorité d’entre eux. Ils devront alors s’inscrire sur la plateforme Parcoursup.

Choisir la voie professionnelle pour exercer quel métier ?

On l’a dit : une vingtaine de familles de métiers disponibles, environ 200 spécialités en CAP et une centaine en Bac Pro. Des spécialités qui, faut-il le préciser, mènent aussi à des centaines de métiers, lesquels sont accessibles par le biais de plusieurs formations distinctes.

Le choix d’une formation et/ou d’un métier en voie professionnelle relèverait-elle du chemin de croix ?

Prenons l’exemple de Lola, collégienne imaginaire de 14 ans à peine, en 3e au collège.

Pour son orientation future, Lola doit choisir une famille de métiers pour la seconde professionnelle.
Lola est chanceuse : elle sait déjà que la plomberie l’intéresse.

Elle se rend sur le site Nouvelle voie pro pour trouver une formation qui lui permettra d’exercer le métier de ses rêves.

Lola clique directement sur « Etape 2 : je découvre », puis sur chacun des 5 onglets qui lui sont proposés. Différences entre un CAP et un Bac Pro, atouts de l’apprentissage… Espérant trouver des réponses à ses questions, elle tente « Je cherche un métier », tape « plombier – plombière » dans le moteur de recherche et accède à une fiche dédiée.

8 formations différentes lui sont proposées pour devenir plombière : 1 CAP, 2 CAP nécessitant 1 année de formation complémentaire et 5 Bacs professionnels.

Retour à la case départ : Lola doit d’abord se demander si elle devrait privilégier un CAP ou un Bac Pro.

Si Lola n’a pas encore carbonisé son ordinateur avec un chalumeau, elle cliquera sur chacune des formations proposées pour tenter de comprendre ce qui distingue un Bac Pro de Monteur en installations du génie climatique et sanitaire, d’un CAP de Zinguerie.

Et si tant est qu’elle y parvienne, il lui faudra sélectionner un établissement susceptible de l’accueillir : lycée ? CFA ? Maison familiale rurale ?

Choisir son orientation en voie professionnelle exige une patience et une persévérance dont il faudra faire preuve en dernière année de collège. À un âge donc, où les hésitations sont plus nombreuses que les certitudes.

Voie scolaire ou apprentissage ?

Quelle que soit la voie choisie, le diplôme obtenu sera le même (Bac Pro, CAP, Licence pro, BTS…) et le jeune alternera expériences en entreprise et périodes de cours.

La différence principale tient au fait qu’en apprentissage, le lycéen est salarié de l’entreprise qu’il a choisie. Il bénéficie donc des mêmes droits qu’un salarié (contrat de travail, salaire, 35 heures, 5 semaines de congés payés…) et est soumis aux mêmes obligations et règles appliquées dans l’entreprise qui l’accueille.

À l’inverse, le statut scolaire offre davantage de temps pour réviser ses cours, tout en permettant de découvrir des univers de métiers différents dans le cadre de plusieurs stages en entreprise. Le choix pourra donc se faire en fonction des préférences, des souhaits, des objectifs… du jeune.

apprenti et maître de stage
élève en CFA

Lycée professionnel ou CFA ?

Le jeune ayant opté pour le statut de l’apprentissage étudiera dans un Centre de Formation des Apprentis. Le lycée professionnel est quant à lui réservé à la voie scolaire.

Dans les deux cas, il sera nécessaire de déterminer en amont le diplôme (CAP ou Bac Pro) mais aussi le domaine professionnel visés, dans la mesure où tous les établissements ne proposent pas les mêmes spécialités.

Une réalité de terrain qui va à l’encontre de la volonté du législateur de privilégier une orientation progressive.

Les portes ouvertes organisées par les formations dès le mois de février permettront d’y voir plus clair. En particulier s’agissant des modalités d’inscription qui peuvent être exigées d’une formation à l’autre (âge, test d’aptitude, obtention préalable d’un contrat d’apprentissage pour se pré-inscrire en CFA…).

La voie pro, c’est du boulot !
Dans les deux sens du terme.