Accueil > Le Mag > Envie de partir faire des études de médecine en Roumanie ?

• Mise à jour d’octobre 2022 • « On croit que les rêves, c’est fait pour se réaliser. C’est ça, le problème des rêves : c’est que c’est fait pour être rêvé » disait Coluche. Pour Yuna, comme pour Garance, sa co-locataire, le rêve de pratiquer un jour la médecine est pourtant en passe de se réaliser. En 2017, après leur échec en PACES (ancêtre du PASS), les deux jeunes femmes avaient choisi de faire leurs études de médecine en Roumanie.

À Cluj-Napoca pour être précis.

Refonte des ECN :  EDN, ECOS et Parcours de formation

Après la fin de la PACES en 2018, les Épreuves Classantes Nationales telles qu’on les a connues ont vécu. Depuis la réforme du second cycle des études de médecine (EC2), officialisée l’année dernière, les modalités d’accès à l’internat ont été profondément remaniées. Elles concernent les étudiants actuellement en 4 et 5e année qui obtiendront leur Diplôme de Formation Approfondie en Sciences Médicales (DFASM) en 2023 et 2024.

Outre les changements apportés au déroulement des stages et aux programmes du 2e cycle, la procédure d’admission et d’affectation pour le 3e cycle d’études de médecine a été revue. 3 éléments successifs seront pris en compte pour le « matching » final :

  1. les Épreuves Dématérialisées Nationales (EDN) compteront pour 60% de la note finale et visent à évaluer les connaissances des carabins. Elles sont réparties en 3 rangs (A, B et C) qui correspondent aux attendus des études de médecine. Seules les connaissances de rang A (une sorte de minimum requis quelle que soit la spécialité choisie), sont à la fois validantes (il faut obtenir un minimum de 14/20) et classantes (elles détermineront le choix de la spécialité future). Les EDN se dérouleront en octobre de la 6e année.
  2. les Examens Cliniques Objectifs et Structurés (ECOS) / 30% de la note finale, constituent une évaluation de leurs compétences. Annoncer une maladie grave, établir un diagnostic, restituer les résultats d’un examen… plus de 350 situations type ont été imaginées. Ces thèmes serviront de socle pour l’évaluation des compétences requises, dans le cadre d’une dizaine de « jeux de rôle » (ou « stations ») qui se dérouleront sur 2 jours et qui ne devraient pas dépasser 10 minutes. Les ECOS sont validants (il faut obtenir une note de 10/20 minimum).
  3. le Parcours de formation suivie / 10% de la note finale : il tient compte de l’ensemble des expériences (stages, mobilités, niveau de langue étrangère, implication associative, jobs d’été, autres diplômes obtenus…) vécues à compter de l’entrée universitaire.

Viendra enfin le processus d’affectation, automatisé via un algorithme spécifique qui n’est pas sans rappeler celui de Parcoursup. Le matching réalisé permettra de déterminer une affectation selon les voeux hiérarchisés effectués par l’étudiant (pas de limite quantitative) et les résultats qu’il a obtenus : une spécialité (parmi les 44 disponibles) et une ville.

Plus de détails sur le Centre National de Gestion (CNG), en charge du dispositif.

Quand étudier la médecine en Roumanie n’est pas toujours bien vu en France

À Cluj-Napoca, les études de médecine coûtaient 6000 euros par an en 2018, quand cet article a été publié pour la première fois. Elles atteignent 7500 euros aujourd’hui. L’engouement des étudiants n’est pas étrangère à cette substantielle inflation.

Bien qu’assez largement moins onéreuse que dans d’autres pays de l’UE, tel que l’Espagne, cette formation privée s’avère bien moins accessible qu’en France, où les frais d’inscription ne dépassent pas les 200 euros pour le 1er cycle.

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Un argument financier brandi à bout de stéthoscope par celles et ceux qui contestent le droit des étudiants français partis étudier la médecine à l’étranger à effectuer leur 3e cycle en France.

À l’instar du Professeur Legmann (ancien président du Conseil de l’ordre des médecins), qui avait en son temps « vivement protesté contre ce contournement des difficultés » qui profite aux familles aisées.

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Sans chercher à entretenir la polémique sur le sujet, on pourrait objecter :

  • qu’une estimation du coût réel des études de médecine en France nécessiterait de prendre en compte le coût de la vie (logement, nourriture…) et accessoirement les frais des cours et préparations privés assez largement plébiscités par les étudiants,
  • qu’à l’inverse, le coût de la vie en Roumanie est près de 50% moins élevé qu’en France,
  • qu’en vertu de l’équivalence des diplômes au sein de l’UE, les années d’études validées en Roumanie octroient 360 ECTS et doivent permettre de poursuivre dans un autre pays de l’UE.

Sur ce dernier point, les tentatives d’interdire par décret à ces étudiants français privilégiés le droit de passer les ex-ECN à leur retour du pays de Dracula se sont d’ailleurs soldées en 2013 par une fin de non recevoir du Conseil d’Etat.

Des étudiants ainsi qu’une association sollicitaient du Conseil d’État l’annulation des dispositions du 2° du I de l’article 1er et de l’article 3 du décret n° 2011-954 du 10 août 2011. Le Conseil d’État a fait droit à leur requête en considérant que… « [les dispositions du 2° du I de l’article 1er du décret du 10 août 2011], qui [interdisent] aux étudiants n’ayant pas réussi à valider en deux ans la première année commune aux études de santé de poursuivre leurs études médicales en France et de se présenter aux épreuves donnant accès au troisième cycle, [ont] pour effet de priver les étudiants se trouvant dans cette situation et ayant poursuivi leurs études au-delà de la première année dans un État membre de l’Union européenne (…) d’accéder au troisième cycle d’études médicales en France, bien qu’ils soient titulaires d’un diplôme dont l’équivalence avec le titre français est reconnue (…);

qu’ainsi, [elles introduisent] une différence de traitement entre les étudiants qui ont accompli la totalité de leur formation dans l’un des États mentionnés ci-dessus (…) ;  que, toutefois, il ne ressort pas des pièces du dossier que le motif ainsi énoncé permettrait de caractériser un intérêt général lié à la politique de santé publique suffisant pour justifier légalement la distinction établie par la disposition litigieuse ; que, dès lors (…) l’association requérante est fondée à soutenir que les dispositions du 2° du I de l’article 1er du décret attaqué méconnaissent le principe d’égalité et à en demander l’annulation; (…) ».

D’autres font valoir que la formation roumaine ne vaudrait pas celle proposée en France.

Une affirmation corroborée par les modestes classements obtenue aux Epreuves Classantes par les jeunes français ayant étudié en Roumanie.

Omettant de préciser que ces derniers n’avaient alors pas accès, au SIDES (Système informatique distribué d’évaluation en santé remplacé depuis par l’UNESS), qui permettait à leurs confrères hexagonaux de se préparer aux épreuves.

Et se gardant tout autant de mentionner que si quelques cas de renvoi pur et simple ont pu être observés parmi les étudiants français ayant passé 6 ans en Roumanie, d’autres avaient réussi à se classer parmi les 200 premiers aux ECN.

étudier en roumanie

Et pour celles et ceux qui douteraient encore que la formation de médecine proposée par la Roumanie est comparable à celle d’autres pays de l’UE, citons l’Ambassade de France à Bucarest :

Les universités roumaines sont évaluées par un consortium constitué par l’ARACIS (équivalent de la HCERES française), des représentants d’organisations étudiantes, le Centre National de la Recherche Scientifique roumain (CNCS), le CNATDCU (Conseil national pour les titres, diplômes et certificats) et des experts internationaux.

Les universités de médecine et pharmacie de Cluj-Napoca et Iasi ont été classées dans la catégorie « université d’excellence en recherche et éducation » (catégorie I).

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Ce qu’il faut savoir avant de partir étudier la médecine en Roumanie

Se préparer à vivre à l’étranger

Cluj-Napoca n’est certes qu’à 2h30 de vol de Paris. Quant à son université de médecine, elle compte largement plus d’un millier d’étudiants français, soit autant d’amicales opportunités de rencontres sur place.

Et depuis le suicide de deux étudiantes françaises en 2015, des dispositions ont été prises pour accompagner les étudiants étrangers dans leur nouveau parcours de vie et faciliter leur intégration.

Les étudiants sont soumis à une très forte pression des études, des devoirs de performance, des espérances familiales. On sait très bien qu’un étudiant sur cinq ne va pas bien.
Pascal Pannetier, psychiatre missionné en 2015 pour évaluer la situation – Source : Radio France.

Reste qu’à 20, 21 ou 22 ans, l’éloignement familial, les différences de cultures, les particularités de la langue, la durée des études (6 ans)… constituent des handicaps qui ne doivent pas être pris à la légère. Un séjour de quelques jours sur place pour découvrir son futur environnement peut s’avérer opportun.

Ajoutons qu’au regard des multiples possibilités offertes, nombre d’étudiants français choisissent de prolonger leur expatriation roumaine dans un autre état de l’Union Européenne. L’Allemagne, la Suisse, la Belgique, la Suède… font ainsi partie des destinations préférées des diplômés qui souhaitent faire leur internat dans un autre pays que le leur.

Certains nous ont confié que les conditions de travail dans les hôpitaux français n’étaient pas étrangères à ce choix. Sans doute de mauvais esprits !

Pour organiser, planifier et budgéter votre voyage, Ready to Go propose gratuitement des conseils en matière de préparation de séjours à l’étranger. Qu’il s’agisse de partir étudier en Roumanie, d’y trouver un stage, un travail ou tout simplement pour profiter du pays.

Et la guerre en Ukraine ?

étudiante médecine roumanie« On a eu quelques appréhensions au tout début, avant de comprendre qu’il n’y avait aucun risque étant donné que la Roumanie fait partie de l’UE.
Et puis la faculté nous a aussi rassuré en nous confirmant que tous les cours seraient maintenus. Personnellement, je ne connais aucun étudiant ayant préféré rentrer.
Cette guerre aura juste eu un impact sur le coût de la vie. Faire ses courses alimentaires revient un peu plus cher et d’après le propriétaire de mon logement, les factures d’électricité et de gaz pourraient augmenter dans les mois à venir. »
Garance • Étudiante en 5e année de médecine à Cluj

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Les modalités d’admission à Cluj-Napoca

À l’Université de Médecine et de pharmacie Iuliu Hatieganu de Cluj-Napoca, comme pour la plupart des autres formations payantes du pays, la sélection des étudiants étrangers, si tant est qu’on puisse la nommer ainsi, se fait sur dossier et seulement sur dossier.

Ni concours, ni entretien préalable ne sont requis.

Une procédure relativement simple que les opposants ont largement exploité pour critiquer la qualité de l’enseignement local.

S’il n’est pas nécessaire d’obtenir un visa d’études pour les ressortissants de l’UE, ceux-ci devront en revanche demander un Certificat d’enregistrement (CNP) pour vivre en Roumanie.

Des études en français

C’est l’un des grands avantages de l’université de Cluj : les cours sont dispensés en français. Les étudiants devront toutefois se familiariser avec la langue de Cioran et de Ionesco afin de pouvoir, dès la 3e année, échanger avec les patients des hôpitaux de la ville.

Par ailleurs, si les diplômes et la durée des études ont été uniformisés pour l’ensemble des états de l’UE, chaque pays reste libre de choisir l’approche et les contenus pédagogiques qu’il souhaite privilégier. Comme l’indiquent Yuna Querné et Rafik Lecheb dans la vidéo, une grande importance est accordée à la pratique.

Chaque été, les étudiants ont d’ailleurs l’obligation de faire un stage au sein d’un hôpital de leur pays d’origine.

Enfin, tous les ans, signe de l’importance accordée par l’université au efforts et au travail fournis, les 10 étudiants les mieux classés se voient offrir la moitié de leurs frais de scolarité.

Soit 3750 euros tout de même !

Accéder à l’internat en France pour les étudiants formés à Cluj…

Sauf changement dans les années à venir, pour optimiser leurs chances de réussite, les étudiants en médecine à Cluj devront avoir révisé les matières enseignées en 6e année en Roumanie. Contrairement aux étudiants en France qui auront déjà abordé le programme de cette dernière année du 2e cycle.

Depuis cette réforme, de nombreux étudiants français de Roumanie préfèrent d’ailleurs tenter leur chance en Allemagne ou en Suisse pour l’internat.

Des précisions sur ce live d’une grande clarté enregistré en août 2021 et brillamment co-animée par Marie Bousigues de l’ANEMF et Zavine de l’association CMC (Corporation Médicale de Cluj).