Accueil > Le Mag > Réforme du Bac 2021 : quels changements pour les lycéens ?

Il figurait au volet Education du programme présidentiel d’Emmanuel Macron, il devrait être finalisé et mis en place par Jean-Michel Blanquer : le projet de réforme du baccalauréat (Bac 2021) a été présenté il y a quelques jours au Conseil Supérieur de l’Education.

Instance représentative du monde éducatif et néanmoins purement consultative, le CSE a d’emblée freiné les ardeurs rénovatrices du Ministre de l’Education Nationale en raison des réticences affichées du Syndicat National des Enseignements de Second degré (SNES), majoritaire au sein du comité.

Une opposition qui n’empêchera sans doute pas le Ministre d’avancer sur son projet.

Présidentielle 2017 : le programme éducatif d’Emmanuel Macron

Baccalauréat : souvent revu et corrigé, jamais supprimé !

Née sous Napoléon Bonaparte au début du XIXe siècle, la « couronne de laurier » ne comptait que quelques dizaines de candidats lors de sa première session. Deux cent dix ans et 720.000 prétendants plus tard, la vénérable institution demeure une référence républicaine quasi intouchable malgré les nombreux aménagements apportés depuis sa création.

Introduction des épreuves écrites, ajout de matières, apparition de la notation, création puis refonte des filières… le bac a eu beau subir des modifications, il reste à la fois le premier grade universitaire qui sanctionne la fin du cycle secondaire et un sésame pour accéder à l’enseignement supérieur.

Et globalement, les tentatives visant à réformer fondamentalement l’examen ont toujours eu à faire face à de fortes oppositions, en dépit des rapports, pléthoriques, censées justifier ces réformes.

Quels changements pour la réforme du Bac 2021 ?

réforme du bacLe document (« Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles« ) livré à Jean-Michel Blanquer par Pierre Mathiot peut-il changer la donne ?

Ce nouveau rapport, synthèse d’une consultation des « représentants d’organisations et d’institutions concernées à des titres divers par le système éducatif », est la traduction opérationnelle de la promesse présidentielle. Les propositions qui y figurent seraient progressivement mises en oeuvre dès la rentrée prochaine pour les élèves de seconde et se poursuivraient les années suivantes pour les premières et les terminales.

Elles s’inscrivent autour de plusieurs changements majeurs, parmi lesquels :

Une nouvelle structure d’enseignement au lycée

Les filières actuelles (S, L, ES) disparaissent pour laisser la place à un « socle de culture commune«  comprenant 7 matières (Français; Philosophie; Histoire géographie; Enseignement moral et civique; Langues vivantes 1 et 2; Éducation physique et sportive; Humanités scientifiques et numériques).

Ce socle commun est complété par 10 « disciplines de spécialité«  (Arts; Histoire géographie, géopolitique et sciences politiques; Humanités, littérature et philosophie; Langues et littératures étrangères; Mathématiques; Numérique et sciences informatiques; Sciences de la vie et de la Terre; Sciences de l’ingénieur; Sciences économiques et sociales; Physique chimie). Les élèves de 1ère seront invités à en choisir 3 et 2 en terminale parmi les 3 abordées en 1ère.

L’instauration d’une part de contrôle continu

C’est l’autre grand changement suggéré par le rapport Mathiot.

Des épreuves communes dans les disciplines étudiées par l’élève.
Une prise en compte des bulletins pour une part limitée de la note finale

Cette part de contrôle continu concerne les lycéens de 1ère et de terminale et intervient pour 40% du résultat final. Les 60% restant incluent une épreuve anticipée de français (un écrit et un oral revisités) pour les élèves de 1ère et 4 épreuves pour ceux de terminale (2 épreuves portant sur les disciplines de spécialité choisies et 2 épreuves communes à tous les candidats : une de philosophie et un « oral terminal »).

Quid de l’orientation des lycéens avec ce Bac réformé ?

Avec la réforme du lycée qui ne manquera pas d’accompagner celle du baccalauréat et qui fera l’objet de propositions complémentaires dans les semaines et les mois à venir, la question de l’orientation scolaire des élèves du secondaire reste posée.

En dépit des déclarations de Jean-Michel Blanquer, les 90 minutes hebdomadaires consacrées à l’orientation post-bac permettront-elles d’aborder ce sujet de façon individualisée ? Les enseignants ont-ils vocation à préparer l’avenir estudiantin, voire professionnel, des élèves dont ils ont la charge ? Les « enseignements de spécialités » prévus en filière générale et qui vont remplacer les séries peuvent-elles influer sur les choix ou les possibilités d’orientation des élèves ?

Dans un entretien accordé à d’Educpros, Marie Duru-Bellat, professeure de sociologie à Sciences po, ne mâche pas ses mots…

On refile en quelque sorte au lycée la « patate chaude » du choix de l’orientation vers le supérieur

Pour cette spécialiste des politiques éducatives et des inégalités sociales dans le système scolaire…

La situation d’un lycéen qui aura renoncé à certaines disciplines dès la classe de première pourra poser problème. Les jeunes revendiquent le droit à l’erreur et la possibilité de retenter leur chance. Mais quid d’un élève qui découvre à 18 ans qu’il veut faire médecine et qui n’aura pas suivi de maths ou de sciences ?
Il est certain que les jeunes vont être incités à se positionner plus tôt sur leur orientation. Ils vont être obligés, à l’entrée en première, de faire un choix sur ce qu’ils veulent faire après le lycée. C’est assez nouveau car auparavant on entendait beaucoup de lycéens qui disaient : « Je passe le bac et je verrai après. » La réforme va anticiper les choix d’orientation et fermer des portes.

Marie Duru-Bellat estime par ailleurs que « la réduction des inégalités face à l’orientation nécessite un accompagnement personnalisé« .

Or, je ne suis pas sûre que les enseignants puissent et soient compétents pour fournir cette aide. Les attendus du supérieur peuvent aider à cela mais, globalement, c’est un pari qui est tenté que d’essayer de faire en sorte de réduire ce biais.

Ce pré-requis de la personnalisation, les Conseillères et les Conseillers Tonavenir.net l’intègrent dans le processus d’aide à l’orientation depuis 2009. Au regard de l’augmentation des demandes d’accompagnement qu’elles et ils enregistrent, il faut croire que la solution du « sur-mesure » a un bel avenir devant lui…

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