Accueil > Le Mag > Quand je serai grand(e), je sauverai le monde ou comment trouver un métier dans l’environnement ?

Ecologie, défense de l’environnement, développement durable… les organisations, les médias, les publications, les études, les métiers et les formations qui traitent ou relèvent de ces sujets occupent aujourd’hui le quotidien de nos sociétés. Rares sont les moments et les lieux où les enjeux d’une humanité responsabilisée et impliquée dans la protection d’un monde que beaucoup juge en phase de déliquescence avancée ne sont pas évoqués.

formations environnement

Vous avez dit réchauffement climatique, disparition de la faune et de la flore, pollutions perturbatrices de nos fragiles glandes endocrines ?

D’aucuns répondent énergies renouvelables, permaculture, gestion des déchets, préservation de la biodiversité, rénovation des bâtiments, promotion d’une agriculture vertueuse… Las, ni les marches climatiques déterminées, ni les pétitions de savants ou de citoyens courroucés, ni davantage les nombreux rapports du GIEC ne paraissent influer sur les tergiversations du politique.

Lequel hésitait récemment entre le marteau d’un petit commerce qui cherche à survivre et l’enclume d’une sobriété qui s’impose.

Quand ils ne s’improvisent pas équilibristes nos dirigeants sont comme ces crapauds apathiques que l’on plonge dans une eau qui chauffe lentement. Faute de comprendre ce qui leur arrive, les batraciens finissent en bouillie verdâtre. Peut mieux faire !

Agir pour la planète : la jeunesse s’empare du combat pour la sauvegarde du monde…

Heureusement, les jeunes n’ont pas attendu leurs aînés pour imaginer un monde meilleur.

Depuis 2012, le collectif Youth We Can!, rattaché à l’association Convergences, fédère une quarantaine d’organisations professionnelles. Il encourage les 18/30 ans à initier le changement de paradigme social et environnemental pour un monde plus solidaire et durable.

refaire le monde

Les missions que se sont fixé les membres du Collectif Youth We Can! sont de :
• Créer l’étincelle chez les jeunes, leur donner envie d’entreprendre et de se mobiliser à leur échelle.
• Valoriser les porteurs de projet et l’action de la jeunesse engagée.
• Favoriser les échanges et le networking pour aider les jeunes à oser s’engager.
• Accompagner les jeunes entrepreneurs sociaux et les guider dans le développement de leur projet.

Des « youth » implications qui se multiplient sur la planète : Youth for climate, Youth & environment Europe, Global Youth Biodiversity Network

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Et le monde de l’Education s’efforce de suivre

Qu’elles soient mues par l’attrait de la « labellisation environnementale » ou par une réelle prise de conscience de la nécessité d’agir, certaines formations publiques et privées cherchent aussi à témoigner de leur implication en matière de transition écologique.

Ainsi, depuis 2016, les Trophées des campus Responsables récompensent les établissements qui travaillent et agissent autour de ces enjeux.

Implication des étudiants, Pédagogie pour une Société Durable, Action Climatique pour 2030, Qualité de vie… composent quelques-uns des thèmes de ces Trophées francophones organisés sous la patronage du ministère de l’Enseignement supérieur et la Commission nationale française pour l’UNESCO.

campus responsables

S’orienter vers les métiers de l’environnement pour trouver un emploi : la panacée ?

C’est un rapport de 2018 livré par la Commission mondiale sur l’économie et le climat qui le prédit.

Si l’on en croit cette instance composée d’anciens chefs de gouvernement, de ministres des finances et de dirigeants dans les domaines de l’économie, des affaires et de la finance, les actions et les investissements massifs en faveur du climat et du développement durable seraient ô combien bénéfiques pour la planète.

La Commission table notamment sur 26 billions de dollars de revenus générés, 700 000 décès évités et environ 65 millions « d’emplois verts » créés à travers le monde.

Dans une autre étude publiée la même année, l’Organisation Internationale du Travail parvient à des conclusions comparables. Le nombre d’emplois issu d’efforts pour la transition écologique étant toutefois moindre (24 millions).

métiers de l'environnement

S’agissant d’environnement, l‘OCDE aussi s’est penchée sur les effets positifs de politiques volontaristes. Dans le résumé d’une publication parue en 2017, elle affirme :

Moyennant des incitations et politiques idoines (…) les gouvernements peuvent susciter une croissance qui atténue sensiblement les risques liés au changement climatique et à des retombées bénéfiques à brève échéance sur l’économie, l’emploi et la santé.

En France, les emplois liés aux métiers de l’environnement pourraient atteindre le million d’ici deux ans, si le « scénario » imaginé par l’association negawatt était mis en oeuvre.

Se former aux métiers de l’environnement : l’embarras du choix

Energy manager, Acousticien de l’environnement, Ingénieur écoconception, Climatologue, Biologiste en environnement, Psychologue environnementaliste… si vous êtes de celles ou ceux qui envisagent de suivre une formation dans ces domaines, patience et ténacité vous seront utiles.

Car que vous ayez une idée assez précise du secteur, voire du métier qui vous intéresse, ou que vous soyez encore indécis quant aux pistes à privilégier, il existe des centaines de formations possibles.

métiers de l'environnement

Plus de 95.500 élèves et étudiants sont inscrits en dernière année de l’une des 1.152 formations environnementales, allant du CAP au diplôme d’ingénieur. L’environnement représente 8 % des effectifs inscrits dans l’ensemble des formations, contre 5 % en 2008.

Source : Insee (2013)

Ainsi, pour chacune des nomenclatures de spécialités définies ci-après, les formations et les métiers sont pléthoriques.

  • Maîtrise de l’énergie et énergies renouvelables
  • Hygiène, sécurité, santé, environnement
  • Prévention et réduction des pollutions, nuisances et risques
  • Aménagement du territoire et cadre de vie
  • Protection de la nature, étude et gestion des milieux et des équilibres écologiques
  • Gestion sociétale de l’environnement

Quant aux diplômes proposés, ils couvrent l’intégralité du champs des possibles. Du CAP au doctorat en passant par les bacs professionnels, les BTS, les licences…

Autant dire que l’accompagnement d’un Coach en orientation pourra s’avérer utile pour déterminer l’activité, la formation, le niveau de diplôme… et le métier dont vous rêvez pour sauver le monde.

 

ENTRETIEN AVEC L’ASSOCIATION POLLINIS

Pollinis oeuvre pour la préservation des abeilles domestiques et sauvages et pour une agriculture respectueuse des pollinisateurs.
Site de l’association

Benedice Reitzel-Nielsen et Clément Helary, respectivement Directrice administrative et financière et Chargé de communication et rédaction au sein de l’association, ont accepté de répondre aux questions de Tonavenir.

Trop peu de formations intègrent les enjeux de la transition écologique dans leurs parcours. Et ce malgré les efforts de certains pour faire bouger les lignes. Que vous inspire cet attentisme s’agissant de l’éducation des jeunes générations ?

L’urgence environnementale est déjà là et les décideurs d’aujourd’hui n’agissent pas à la hauteur des enjeux et ne mènent pas les politiques nécessaires. L’attentisme de l’Etat en matière d’éducation et de formations à l’écologie est symptomatique d’un manque de volonté généralisé et d’une inertie volontaire, que l’on observe également sur tous les autres sujets environnementaux comme par exemple sa politique agricole favorisant l’usage massif de pesticides…

Or, pendant que l’État tarde à agir face à cette urgence, nous constatons que beaucoup de jeunes s’engagent d’eux-mêmes et militent aujourd’hui contre l’effondrement de la biodiversité et le changement climatique. Les témoignages des étudiants qui « désertent » la voie qui leur est tracée est une illustration du décalage entre leur volonté d’agir et ce qui leur est généralement proposé. Ils et elles font bouger les lignes. C’est par cette pression citoyenne que les politiques publiques pourront être amenées à évoluer.

Parce qu’elle couvre les champs hétéroclites du climat, de l’énergie, de la biodiversité… et requiert parfois des connaissances scientifiques et/ou techniques pas toujours aisées à décrypter, l’écologie au sens large peut s’avérer difficile à appréhender. Que conseiller à un jeune que ces sujets passionnent mais qui peine à identifier les métiers et les formations qui y mènent ? (NDLR : le bénévolat peut-il être une piste ?)

L’écologie recouvre toutes les interactions des êtres vivants avec leur environnement et entre eux. Elle s’appréhende donc plus largement que par les sciences comme la biologie ou l’agronomie, par les sciences politiques, sociales et économiques par exemple, le droit, l’information…

Au sein de POLLINIS, le travail que nous menons par exemple, requiert des domaines de compétences très variés : rédacteurs et rédactrices, chargé.e.s de projets et de campagnes, juristes, spécialistes du contre-lobbying, scientifiques, graphiste, webmaster…

L’écologie n’est pas réservée à certains sujets, elle peut aussi constituer une certaine manière d’aborder différentes problématiques, une grille d’analyse qui met en lumière le fait que toutes ces urgences environnementales sont liées.

Afin de participer à la transition écologique, l’idéal est donc de s’engager en choisissant une formation, en rejoignant une association, en militant sur la thématique qui nous passionne le plus. Qu’il s’agisse du climat, de la biodiversité, des océans, de l’agriculture… Tout sujet peut constituer une porte d’entrée sur un ensemble de problématiques plus vastes. Participer à une action collective pour agir sur un problème environnemental est une manière de vivre des choses très concrètes et de prendre part à un mouvement plus large constitué par l’ensemble de ces actions, que cela soit par du bénévolat ou par un vrai choix de carrière.

De plus, dans le cadre d’un projet professionnel, un engagement personnel sera toujours un avantage et pourra, si la formation n’est quant à elle pas spécialisée, apporter les connaissances nécessaires à un poste dans une structure porteuse de sens.

Quid d’une version « scolaire » de Pollinis visant à sensibiliser les collégiens et les lycées à la biodiversité ou d’interventions dans les établissements qui permettraient aux enseignants de s’approprier ces enjeux dans le cadre des programmes de l’Education Nationale ?

protection abeilles pollinisNous avons par le passé développé quelques modules à portée pédagogique, comme une exposition sur les abeilles et des guides sur les haies qui sont téléchargeables gratuitement sur notre site. Nous travaillons par ailleurs en ce moment sur un projet de plantation de haies avec une association qui intervient auprès d’élèves de primaire et collège.

Dans le cadre de ce projet, nous travaillons sur des contenus pédagogiques qui seront également disponibles sur notre site internet. Il est important de sensibiliser les jeunes publics sur les enjeux liés à la protection des pollinisateurs et de la biodiversité dans son ensemble.

POLLINIS publie également des affiches d’abeilles sauvages et de papillons de jour et de nuit pour alerter sur les nombreuses espèces de pollinisateurs qui sont aujourd’hui en déclin ou en voie d’extinction. Les connaître est une première étape importante afin de pouvoir les protéger. Ces affiches ont été pensées pour s’insérer dans un contexte pédagogique et s’adressent aux écoles, centres de recherches, entreprises, mairies…

En dehors de la sensibilisation et de la mobilisation des citoyens, POLLINIS œuvre au niveau politique, afin d’influer sur les décisions et de porter la voix des citoyens qui nous soutiennent au niveau français et européen. Nous menons également plusieurs recours en justice afin d’utiliser le droit pour provoquer le changement, et travaillons avec plusieurs scientifiques sur le terrain pour mieux connaître les pollinisateurs dans leur diversité.

équipe pollinis

Bénédicte Reitzel-Nielsen Pollinis
Clément Helary Pollinis