Accueil > Le Mag > Parcoursup 2023/2024 mode d’emploi : entretien avec Julie Mleczko (Studyrama)
La plateforme Parcoursup a ouvert ses portes. Du 20 décembre 2023 au 12 juillet 2024 (voire au 12 septembre pour les moins chanceux), près d’un million d’élèves de terminale devront s’inscrire puis sélectionner les formations post-bac qui les intéressent.

Julie Mleczko, Directrice déléguée à la rédaction de Studyrama, vient de publier un guide pratique sur le sujet : Parcoursup Mode d’emploi ! Elle a accepté de répondre à nos questions.

Jusqu’à 20 voeux à formuler parmi 23 000 formations

10 voeux de formation (et 10 pour l’alternance) lorsque l’indécision prévaut, c’est peu. Et peut-être un peu trop pour celles et ceux qui ont d’ores et déjà fait leurs choix.

Pour les familles en passe de s’engager pour la première fois dans ce parcours vers l’enseignement supérieur de leur adolescent, appréhension et circonspection forment un binôme anxiogène dont elles se passeraient volontiers.

Le décalage entre le discours volontariste et bienveillant autour de l’orientation (information, conseil, accompagnement, développement des compétences, etc.) et la logique de répartition des élèves et des étudiants qui s’exprime au moment des choix d’orientation constitue un facteur d’incompréhension pour nombre d’entre eux, pour leurs familles mais aussi pour les personnels.
L’orientation de la quatrième au Master • Rapport de l’IGÉSR • 2020

Pour celles qui, pour un aîné, ont déjà profité de l’accompagnement sur-mesure d’un Coach Tonavenir ou crapahuté en solo sur les sommets indigents de la plateforme, une formalité.

parcoursup 2024 mode d'emploi

Parcoursup 2024 : ce qui change…

Près de 2000 formations supplémentaires : le nombre de formations disponibles augmente à nouveau cette année, passant de 21300 en 2022 à près de 23.000. Même si quelques rares formations n’y figurent pas encore (management et hôtellerie notamment).

Par ailleurs, les formations en apprentissage ayant le vent en poupe auprès des candidats, celles-ci dépassent cette année les 9000.

À lire aussi : Contre Parcoursup et contre toute aide aux inscriptions post-bac !

fondatrice du réseau tonavenir

Lancement d’un « comparateur » permettant d’afficher les caractéristiques des formations disponibles (descriptif, statut, frais de scolarité, sélectivité…).

Cette nouvelle fonctionnalité coïncide avec la possibilité donnée, pour la première fois, aux élèves de seconde et de première de créer leur profil sur Parcoursup et de mémoriser les formations qui les intéressent. Un changement qui vise à faciliter le choix des spécialités.

Dans la même perspective, les formations affichent désormais les parcours à privilégier au lycée dans une rubrique « conseils », afin d’optimiser l’admissibilité des candidats.

Autre nouveauté : les informations liées à l’insertion professionnelle seront affinées progressivement pour les licences pros et les BTS.

Le calendrier 2024 du baccalauréat ayant été revu (épreuves de spécialité programmées en juin au lieu de mars pour éviter le désengagement des élèves), seules les notes de première et de terminale (bulletins scolaires et contrôle continu) seront prises en compte pour l’évaluation du dossier. La régularité sera donc la clé pour optimiser son admission.

Les « projets de formation motivés » cèdent la place aux « lettres de motivation ». Bien qu’elles ne soient pas toujours requises et qu’elles puissent selon certaines sources ne plus être obligatoires, ces lettres font encore partie à date des éléments étudiés pour une candidature. Mieux vaut éviter le recours (pourtant croissant) à l’intelligence artificielle pour leur rédaction, car le formatage qui en découle ne plaide pas en la faveur de l’élève.

Les changements survenus l’année dernière sont maintenus : onglet « comprendre les processus d’admission », fiches d’information améliorées, indice d’attractivité de la formation…

Parcoursup 2023/2024 : le calendrier

Parcoursup phase 1 : s’informer

Les quelques 23 000 formations disponibles sur la plateforme peuvent être consultées.

Lycéens et étudiants en réorientation y trouveront une mine précieuse et néanmoins pléthorique d’informations : descriptif de l’enseignement, statut privé ou public, modalités de sélection, débouchés professionnels, dates des éventuelles portes ouvertes…

Pour gagner du temps, mieux vaut avoir une idée assez précise de la filière envisagée et/ou du diplôme visé.

A défaut, en parler avec un Conseiller en orientation serait opportun.

Parcoursup phase 2 : choisir

A compter du 17 janvier démarre la phase d’inscription et de sélection des formations à proprement parler.

58 jours pour déposer ses voeux sur la plateforme : 10 voeux (et les sous-voeux éventuels), et 10 voeux supplémentaires pour les formations en apprentissage (près de 10 000 disponibles) qui pourront être formulés sans limite de date durant toute la procédure.

La formulation des voeux s’achève le 14 mars et leur confirmation devra être faite au plus tard le 3 avril en ayant pris soin de compléter les éléments demandés pour chaque candidature.

Parcoursup phase 3 : patienter

Entre le 30 mai et le 12 juillet s’ouvre la période de prise de décision. Il convient de répondre à toutes les propositions d’admission envoyées au fur et à mesure par les formations. Celles-ci peuvent se présenter sous la forme d’un « oui » ou d’un « oui si » (qui supposera de suivre un parcours de mise à niveau selon votre situation).

Une pause est prévue entre le 16 et le 23 juin pour permettre aux lycéens de réviser leurs épreuves écrites du baccalauréat.

A compter du 1er juillet, les voeux en attente à conserver devront être classés par ordre de préférence.

Dans l’hypothèse où aucune proposition n’aurait été reçue, plusieurs solutions peuvent être mobilisées : accompagnement, admission complémentaire, CAES (Commission d’Accès à l’Enseignement Supérieur).

Entretien avec Julie Mleczko

 

Il existe pléthore d’articles spécialisés, de tutoriels vidéos et d’ouvrages pédagogiques permettant d’appréhender dans le détail le fonctionnement de Parcoursup, y compris d’ailleurs chez Studyrama. En quoi ce nouveau guide est-il vraiment différent ?

Il n’est pas différent, il permet juste d’avoir l’ensemble de ces informations au même endroit ! Il s’agit d’un ouvrage à se poser sur les genoux pendant toute la procédure Parcoursup, car il l’aborde de façon chronologique.

Des conseils pratiques et d’orientation viennent le ponctuer à chaque chapitre. Ce n’est pas de la littérature ni une analyse de Parcoursup, mais vraiment une notice, un mode d’emploi comme l’évoque parfaitement son titre, censé être clair et simple à comprendre, par les jeunes et leurs familles.

L’existence même de votre ouvrage témoigne des difficultés rencontrées par les familles pour « vivre Parcoursup » dans la sérénité. Et qu’il faille un « mode d’emploi » pour utiliser une plateforme censée simplifier l’entrée dans l’enseignement supérieur pose question. Les informations disponibles sur les formations présentes, aussi détaillées qu’elles soient, peuvent-elle suffire à faire des choix d’orientation éclairés ?

Non, je ne suis pas PsyEn ni coach en orientation comme les conseillers de Tonavenir.

Cet ouvrage ne dit pas aux lycéens ou étudiants en réorientation quels choix faire et ce qui est mieux pour eux. C’est d’ailleurs ma conclusion à cet ouvrage : Parcoursup est une procédure assez simple, le plus dur c’est finalement de savoir exactement ce que l’on veut faire et pour quoi on est fait.

Les informations n’aideront donc pas les candidats à faire des choix d’orientation éclairés, mais plutôt de bien faire leurs vœux s’ils savent déjà ce qui les intéresse.

directrice de la rédaction studyrama
guide parcoursup mode d'emploi 2024
23 000 formations qui mènent à des milliers de métiers et autant de descriptifs, d’attendus, de pré-requis… à consulter dans un lapse de temps restreint pour faire ses voeux et préparer ses candidatures. De nombreuses études l’affirment et les taux d’échec universitaire l’attestent : l’auto-orientation n’est pas la panacée. Pensez-vous que l’information sur l’orientation (Parcours Avenir, Découverte des métiers, Portes ouvertes, Semaines de l’orientation…) puisse être efficace sans un conseil et un accompagnement totalement personnalisé qui prennent en compte le profil de l’élève, ses aspirations, ses bulletins scolaires, ses contraintes propres… ?

Dans un monde idéal, nous serions accompagnés individuellement pour notre orientation, et ce dès les premières années de collège, mais nous savons tous que cela ne se passe pas de la sorte dans la réalité.

Je crois que l’auto-orientation est possible si le jeune y est familiarisé tôt. La somme d’informations accessible aujourd’hui et toutes les possibilités de « tester » aussi bien la fac que d’autres types de formation permettent vraiment de se projeter, et de, si ce n’est confirmer une envie, et bien l’infirmer, ce qui est déjà un pas en avant.

Maintenant, tous les profils de jeunes ne sont peut-être pas forcément armés pour se mobiliser suffisamment, et là l’aide d’un accompagnement personnalisé peux lui permettre de grimper une marche et d’avancer vers son projet.

Comprendre le fonctionnement de la plateforme d’inscription post-bac est une chose, faire des choix d’orientation qui engagent dans la durée le futur étudiant en est une autre. Que conseiller à un lycéen qui n’aurait aucune idée de métier en tête ou s’interrogerait sur les formations à privilégier ?

S’informer est le point de départ.

C’est facile de dire « je ne sais pas quoi faire » mais de ne faire aucun effort dans ce sens : surfer sur les sites d’orientation, se renseigner autour de soi (quels métiers font les membres de votre famille proche, est-ce que l’un d’entre eux pourrait vous intéresser, etc…), faire des tests d’orientation, se rendre sur des forums, des salons d’orientation et des journées portes ouvertes…

Quand on ne sait pas quoi faire, il faut reprendre depuis le début : 2 colonnes, une avec « Ce que j’aime » et l’autre avec « Ce que je n’aime pas » et commencer à creuser dans le sens de ce qui vous intéresse et vous plaît bien sûr.

Reste évidemment la possibilité de se faire accompagner par un conseiller en orientation scolaire : l’occasion de refaire un bilan sur votre profil, vos envies, et vous faire découvrir des parcours de formation qui pourraient vous intéresser et que vous ne soupçonniez pas !

Que vous inspire ce commentaire tiré d’un rapport de l’IGÉSR de 2020 consacré à L’orientation de la 4ème au Master ? « Au-delà des accusations récurrentes dont sont l’objet les algorithmes permettant de procéder à l’affectation en lycée (Affelnet) et à l’admission dans l’enseignement supérieur (Parcoursup), l’orientation est régulièrement accusée d’être trop complexe, de favoriser les initiés, de provoquer du décrochage, d’accorder aux évaluations reposant sur des connaissances académiques un poids trop important ou encore d’être déconnectée des réalités économiques et de mobiliser une pluralité d’acteurs mal coordonnés. »

Je rencontre de nombreuses familles et leurs jeunes sur les salons d’orientation Studyrama. J’entends parfois des réponses qu’ils ont obtenues de la part de PsyEn assez déroutantes.

Je ne pense pas que ces conseillers soient déconnectés des réalisations économiques, mais plutôt qu’ils ne sont pas assez formés sur les évolutions du paysage de l’enseignement supérieur français : celui-ci ne s’arrête pas aux facs et aux prépas !

Il y a une multitude de formations et des possibilités de passerelles, de rebonds, mais si on ne creuse pas le sujet, évidemment on ne sera pas au courant de ces possibilités et des milliers de trajectoires différentes qui peuvent exister.

L’orientation est complexe car riche, trop riche même. C’est pourquoi des sites comme Studyrama.com tentent de reposer les bases avec des schémas de l’enseignement supérieur, des explications et comparaisons de diplômes, etc…

Bien s’orienter, c’est comme un job selon moi : cela demande du temps et de s’y plonger sérieusement. C’est pourquoi une matière, au même titre que les cours de français et de maths, devrait être consacré à l’orientation et à l’approche de la sphère du travail pour que la réalité prenne le pas sur les (mauvaises) représentations que les jeunes peuvent s’en faire.