Le 30 octobre dernier, Frédérique Vidal, Jean-Michel Blanquer et Edouard Philippe ont présenté leur Plan Etudiants en conférence de presse. Sous le thème « Accompagner chacun vers la réussite », les 20 mesures constitutives du futur projet de loi « Orientation et réussite étudiantes » seront soumises au Parlement en décembre prochain.
Au total, ce sont plus de 250 acteurs de l’enseignement supérieur et de l’enseignement scolaire qui auront été sollicités durant les 90 jours qu’aura durée la concertation supervisée par le rapporteur général Daniel Filâtre et orchestrée autour de 5 grands sujets : l’accès à l’enseignement supérieur, l’ingénierie de l’offre de formation, le renouvellement de la pédagogie, la vie étudiante, et une réflexion spécifique sur les filières sous tension : santé, STAPS et psychologie.
Les 20 mesures du Plan Etudiants : les questions
Comme souvent quand il s’agit de l’Education Nationale, le projet de réforme promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne a été tantôt décrié, tantôt encensé. Nous n’avons pas à juger des choix politiques en passe d’être opérés. Cependant, que l’on défende ou non les 20 mesures en question, certaines interrogations restent en suspens. Notamment en ce qui concerne l’orientation.
Présidentielle 2017 : le programme éducatif d’Emmanuel Macron
Mieux accompagner l’orientation au lycée ?
Deux professeurs principaux en classe de terminale pour accompagner individuellement les élèves dans la construction de leur projet d’études
Intégration dans l’année de terminale de deux semaines dédiées à l’orientation pour tous les élèves
Examen approfondi par le conseil de classe du projet d’orientation de chaque élève
Dialogue renforcé, sous l’autorité du recteur, entre enseignement secondaire et enseignement supérieur
Déploiement du dispositif «étudiant ambassadeur»
Il n’est guère possible de dissocier orientation scolaire et personnalisation du processus d’analyse d’une situation. Si tant est que l’objectif soit de conduire à la réussite, voire à l’épanouissement du jeune, l’individualisation de l’accompagnement est un pré-requis incontournable.
Or le fait est que l’on peine à cerner comment l’analyse des résultats scolaire de l’élève et l’intérêt porté à ses aptitudes, à ses souhaits, à ses contraintes, à ses motivations, à ses capacités de travail personnels… seraient compatibles avec les moyens disponibles au sein des établissements. La promesse d’un accompagnement individuel pris en charge par deux professeurs principaux au lieu d’un confinerait presque à l’oxymore. Comment imaginer en effet qu’une individualisation réelle soit possible au sein des lycées au regard du rapport nombre d’élèves concernés / enseignants disponibles ?
« Deux semaines de l’orientation pour formuler ses choix ». C’est l’un des autres volets d’un hypothétique accompagnement amélioré. Il pose plusieurs questions : d’abord, 10 jours (ouvrables) en tout et pour tout, en classe de terminale (donc au moment d’indiquer ses voeux sur la nouvelle plateforme APB), sont-ils suffisants pour mûrir un projet d’études et se choisir un avenir dont on peut espérer qu’il soit heureux ?
Ensuite, est-il raisonnablement envisageable d’aborder de façon pertinente les quelques 12.000 formations existantes et les conditions requises pour y accéder dans ce laps de temps restreint ? Le cas échéant, une synthèse trop généraliste des formations et des métiers possibles est-elle conciliable avec la nécessaire prise en compte des particularités du lycéen ? Les Conseillers et les Conseillères Tonavenir.net savent combien le choix d’un parcours de formation relève bien souvent de la capacité à identifier une voie très spécifique dont le jeune (et parfois ses parents) ignore jusqu’à l’existence.
Enfin, si les choix opérés se font avec l’assentiment, voire sous les recommandations du conseil de classe, n’y-a-t-il pas un risque d’orientation « imposée » et donc d’un choix par défaut ? Et est-ce à un collectif d’enseignants, aussi compétents soient-ils par ailleurs, de juger du devenir d’un jeune dont ils ne connaissent qu’une infime partie du parcours personnel en raison du peu de temps dont ils disposent pour s’y intéresser ?
Un accès plus juste et plus transparent dans le supérieur ?
Suppression de la sélection par le tirage au sort
Une nouvelle plateforme plus simple et plus transparente
10 vœux maximum et non hiérarchisés pour éviter les choix par défaut
Meilleure connaissance des attendus pour réussir dans la filière souhaitée
Prise en compte du profil de chaque lycéen et de ses choix
Les médias ont largement relayé les affres d’APB version 2016/2017. Et ses dizaines de milliers de bacheliers laissées sur le carreau à l’issue de la 3e phase de la procédure d’inscription. Les mesures envisagées s’inscrivent dans l’objectif de rectifier le tir et de proposer une nouvelle plateforme opérationnelle à partir de mi-janvier 2018.
Dans le dossier de presse détaillé consultable sur le site du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal s’y engage :
Un système humain et transparent.
Le tirage au sort sera supprimé, tout comme l’algorithme d’affectation automatique. Les dossiers et les projets des lycéens seront désormais consultés par les équipes pédagogiques des établissements où ils souhaitent étudier. Les réponses des établissements interviendront au fur et à mesure. Le lycéen choisira parmi les propositions faites par les établissements.
10 voeux maximum, non classés, passés au crible, non plus d’un algorithme impersonnel, mais « d’équipes pédagogiques » dédiées.
L’année dernière, ils et elles étaient plus de 850.000 à avoir formulé au moins un voeu sur l’ancienne plateforme APB; combien faudrait-il de personnes au sein des équipes pédagogiques concernées pour que chacun des voeux formulés soit étudié de façon véritablement individualisé ?
Posons la question autrement : peut-on raisonnablement s’attendre à ce que quelques milliers de personnes (au mieux) puissent s’intéresser à près de 10 millions de voeux formulés (850.000 x 10 voeux) sans que cet examen se fasse selon des critères pré-déterminés qui reviendraient à automatiser le processus de sélection ?
Les 20 mesures du Plan Etudiants : la question des moyens
Qu’il s’agisse de l’orientation au lycée, des modalités d’accès à l’enseignement supérieur ou des « contrats de réussite pédagogique » et autres « tutorats », ce ne sont pas tant les objectifs fixés pour cette réforme que les moyens alloués pour les atteindre qui posent question.
Les quelques 950 millions d’euros provisionnés seront-ils suffisants pour tenir cette promesse de personnalisation accrue de l’orientation sans que celle-ci ne se transforme en réalité en auto-orientation ?
Les Pass Orientation Tonavenir.net
Pour un accompagnement 100% personnalisé du jeune