La robe d’audience vous sied à ravir, le Code civil, voire pénal occupent avec délice vos nuits agitées, et vous rêvez de plaidoiries enflammées pour la défense de vos clients. Vous en avez l’incommensurable envie, l’inébranlable motivation et la ferme conviction : vous deviendrez avocat.
En formation initiale, l’université reste la principale voie d’accès à la profession d’avocat. Au regard du nombre de bacheliers ayant les mêmes desseins, c’est aussi la plus difficile compte-tenu du nombre de places disponibles.
En 2024, comme l’année précédente, la licence en droit a été la plus demandée sur Parcoursup. Avec près de 340 000 voeux formulés sur la plateforme d’inscription post-bac, cette filière demeure très sélective.
Il peut s’avérer par ailleurs utile de noter que selon des chiffres du Ministère de l’enseignement supérieur (session 2023) :
- plus d’un étudiant sur deux n’atteint pas la seconde année de licence;
- le taux de réussite en L1 est fortement corrélé aux résultats obtenus au baccalauréat. Il atteint 87% pour une mention très bien, contre 12% pour les bacheliers sans mention et à peine 3% pour un bac obtenu au rattrapage;
- le taux de réussite en L1 varie sensiblement d’une université à l’autre en raison d’examens et de critères de notations susceptibles de varier (mais qui ne témoignent pas de la qualité de l’enseignement); ainsi l’Université de la Nouvelle-Calédonie atteint péniblement les 17% de réussite, quand l’Université Paris Cité dépasse les 82%,
- les filles réussissent mieux que les garçons (48,3% contre 44,2%).
Comment devenir avocat ?
Sauf exceptions dérogatoires prévues par la loi, l’accès à la profession réglementée d’avocat s’inscrit dans un parcours long et exigeant.
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Outre des conditions de nationalité et de moralité, celui-ci requiert :
- un diplôme de Master 2 en droit (ou diplôme équivalent tel que défini par l’arrêté du 31 décembre 2024),
- la réussite à l’examen d’accès à un Centre Régional de Formation Professionnelle d’Avocats (inscription dès l’obtention de 240 crédit ECTS en Droit),
- l’obtention du CAPA (Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat) que délivrent les CRFPA à l’issue d’une formation de 18 mois dans l’un des 12 établissements existants et sur examen.
Avec un certificat de spécialisation d’avocat c’est mieux !
Les certificats de spécialisation sont accordés sous réserve d’une expérience professionnelle d’au moins quatre ans et de satisfaire à un entretien de validation des compétences comprenant une mise en situation professionnelle.
Selon le Conseil National des Barreaux, le certificat de spécialisation constitue une réelle valeur ajoutée pour l’avocat qui s’en prévaut.
Limitée à deux pour l’avocat, Il existe une trentaine de mentions disponibles : Droit des associations et des fondations, Droit des assurances, Droit bancaire et boursier, Droit commercial, des affaires et de la concurrence, Droit du crédit et de la consommation, Droit des enfants, Droit de l’environnement, Droit des étrangers et de la nationalité, Droit de la famille, des personnes et de leur patrimoine, Droit immobilier, Droit pénal, Droit rural…
Entretien avec Marie-Aimée Piriou, Avocate
Quel a été votre parcours de formation et dans quels domaines du droit exercez-vous votre profession d’Avocate ?
Après une maîtrise (Master 1) de droit à Paris II et un DEA (Master 2) de droit économique et social, j’ai passé le CAPA (ancienne dénomination de l’école des avocats). J’exerce à titre individuel dans les domaines liés à la vie de l’entreprise et essentiellement en droit social, droit commercial et droit de la propriété intellectuelle.
Quelles sont les problématiques qui vous sont le plus souvent confiées ?
Les litiges avec les salariés, les ruptures de relations commerciales, du conseil également en privilégiant la conciliation ce qui demande une grande écoute de toutes les parties.
Quel dossier vous a le plus marqué ou intéressé durant votre carrière ?
Je n’ai pas de dossier particulier en tête, l’intérêt d’un dossier dépend bien sûr du point de droit, de l’enjeu financier mais un dossier c’est aussi une rencontre avec des personnes qu’il faut convaincre, à qui il faut expliquer l’enjeu du dossier, l’aléa judiciaire, définir les bonnes questions.
L’intelligence artificielle est aujourd’hui présente dans de nombreux secteurs d’activité. Peut-elle aussi vous servir dans le cadre de votre profession et de quelles façons ?
C’est une alliée et il faut la prendre comme telle. J’ai fait une formation concernant CHAT GPT. L’ordre des avocats a mis à disposition pour les avocats à titre individuel, l’intelligence artificielle GenIA-L conçue par Dalloz-Lefebvre.
Je m’en sers surtout pour rechercher de la doctrine, de la jurisprudence, pour comparer deux documents, comme traducteur ou pour faire valider une réflexion juridique.
Quels conseils donneriez-vous à un lycéen qui envisage d’embrasser une carrière d’avocat ?
Quand j’ai débuté il y a 30 ans, on demandait à un jeune avocat d’analyser un dossier et de savoir chercher la doctrine la jurisprudence. Aujourd’hui bien sûr l’analyse du dossier est primordiale mais la recherche est devenue accessible à tous et rapidement.
Je dirais aujourd’hui que c’est le contact humain qui paradoxalement devient très important pour un jeune avocat et sa faculté à convaincre un client de venir le consulter. Il faut donc développer des compétences nouvelles qui vont au delà du droit proprement dit.
RÉCIT • En 2015, Léa se voyait avocate…
C’était il y a dix ans. L’une des Conseillères en orientation du réseau Tonavenir avait dû trouver des solutions pertinentes aux souhaits de l’une de ses jeunes protégées.
Léa Cebrian désirait embrasser la profession d’avocate. Bien plus qu’une lubie passagère contractée en regardant un épisode de The Good Wife ou de The Lincoln Lawyer, c’est une passion sincère qui l’animait. Elle aimait confronter ses idées avec d’autres et voulait se rendre utile afin de lutter contre l’injustice du monde.
La coach Tonavenir avait fait la rencontre de Léa alors qu’elle était encore en Terminale.
La jeune fille de 18 ans se passionnait autant pour ses cours qu’un Procureur s’intéresse aux circonstances atténuantes du prévenu dont il réclame la condamnation.
Lorsque je la vois pour la première fois, fin février 2015, accompagnée de son père, c’est une jeune fille un peu désemparée qui s’assied en face de moi. Léa étudie au lycée Paul Lapie de Courbevoie. Ses résultats sont moyens, ses camarades de classe perçus comme « gamin » et son désintérêt pour les matières enseignés explicite. Elle me dit être venue pour faire le point sur ses souhaits d’orientation. Bien qu’elle ait une idée plutôt précise en tête (faire du droit), elle veut convaincre ses parents qu’aucune porte n’est pour l’instant fermée. Ça tombe bien, ces derniers souhaitent éviter à leur fille une déception : et si les études de droit ne lui plaisaient pas ?
Sa note à l’écrit du Bac français avait à peine dépassé la moyenne, mais l’oral s’était montré nettement meilleur. Léa s’exprimait plutôt bien et savait argumenter. Elles avaient convenu ensemble de faire un point global grâce au Pass Révélation.
Bien qu’il eut été préférable d’espacer leurs rendez-vous pour une meilleure synthèse des informations transmises et une maturation plus aboutie de la réflexion, les contraintes de planning de l’inscription sur APB (le Parcoursup d’alors), fixées au 20 mars, les avaient obligées à se revoir dans des laps de temps raccourcis. Seule à seule pour les 2e et le 3e entretiens et en présence de ses parents, lors du 4e et dernier entretien.
Je veux faire des études de droit mais je suis prudente !
Les tests d’orientation et l’analyse graphologique révélèrent un profil « conventionnel » et « entreprenant », un esprit analytique, une intelligence concrète et pragmatique, un caractère très autonome et une personnalité très mature pour son âge.
Le fait que les professions juridiques correspondent à son profil, avait conforté Léa dans son idée de faire du droit à Nanterre, la fac dont elle dépendait, pour devenir avocate. Elle était tenace ! Elle accepta toutefois d’élargir ses opportunités à d’autres formations et reteint les recommandations de sa coach à l’exception du journalisme qui ne l’intéressait pas : ce serait donc droit, Ressources Humaines, et marketing et communication par le biais des admissions parallèles en écoles de commerce.
Autant de possibilités qui lui permettraient de changer d’avis si besoin, à l’issue d’une licence de droit.
Lors du 4e et dernier rendez-vous, en présence de ses parents, la conseillère remis à Léa le dossier intégral qui comprenait l’ensemble des cursus et des débouchés correspondant à ses choix, ainsi que les dates des portes ouvertes proposées par les écoles de commerce, les modalités d’accès aux concours et les informations liées aux admissions parallèles.
Léa était ravie : elle eut son Bac et obtint son premier choix (droit à Nanterre). Ses parents aussi; d’autres solutions restaient possibles si leur fille souhaitait s’orienter vers les études de commerce.
Léa avait accepté de répondre à nos questions…
D’où te vient cet intérêt pour le droit ? Comment pouvais-tu être certaine de faire le bon choix ?
L’intérêt du droit me vient déjà de ma famille. Deux de mes cousins ont fait des études de droit, mais cela me vient surtout de ma personnalité. Mon envie de faire ce qui est juste, de défendre celui qui en a besoin. L’injustice est quelque chose qui m’est insupportable.
Apres avoir fait plusieurs salons étudiants, j’a rencontré sur place des professionnels, d’où mon intérêt pour le droit et le notariat. J’étais loin d’être certaine de mes choix lors des procédures APB, bien au contraire je doutais beaucoup de ce que je voulais faire. Je pense que c’est normal à notre âge de douter c’est comme ça que l’on finit par prendre les décisions les plus réfléchies.
Je suis quelqu’un d’assez têtu, lorsque j’ai une idée en tête je ne lâche rien même si je fais une erreur je préfère m’en rendre compte par moi même.
En quoi ta coach Tonavenir a-t-elle pu t’aider ?
On a beaucoup discuté, elle a su très bien me cerner, et après avoir effectué plusieurs tests de différents genres, et en prenant en compte mes préférences ainsi que ma personnalité, elle a monté un bilan des cursus qui me correspondaient le plus, ceux qui l’étaient un peu moins aussi afin de me laisser un grand choix d’études. Cela m’a rassurée dans mes choix, et m’a permis de reprendre confiance en moi pour pouvoir prendre la bonne décision.
Comment se passe ce début de 1ère année de licence de droit à Nanterre ? Toujours autant motivée ?
Ce début d’année s’est passé comme je l’avais anticipé : j’ai passé énormément de temps cet été à me renseigner sur le fonctionnement universitaire, les attentes des profs, les méthodes de travail à fournir. À la rentrée, je n’étais pas prise de court, je savais à quoi m’attendre. Le stress et l’angoisse étaient peu présents. Je suis toujours aussi motivée, et j’ai toujours l’envie de réussir, je me projette dans cette voie et j’espère pouvoir réussir.
Aujourd’hui, quels conseils donnerais-tu à un lycéen persuadé de savoir quel métier il veut faire ?
De douter ! On peut croire que c’est un mauvais conseil, mais non ! Douter permet de réfléchir, de se poser les bonnes questions pour faire les meilleurs choix.
Il faut surtout être stratège, lors des procédures APB, toujours mettre les voeux les plus exigeants et les plus demandés en haut de la liste, pour augmenter ses chances. Il faut également penser aux concours et admissions hors APB, qui ne se font parfois pas aux mêmes moments.
Je conseille à tous d’aller dans des salon étudiants où on peut rencontrer beaucoup de personnes susceptibles d’aider. Et le plus gros conseil c’est de prendre de l’avance par rapport à l’année de terminale car c’est l’année où vous aurez toujours des choses importantes à faire : les dossiers APB, les oraux anticipés, les bacs blancs, etc.