Accueil > Le Mag > Devenir artisan : quels métiers, quelles formations pour s’orienter vers l’artisanat ?

Supposons que je dise à mes proches que je suis devenu artisan. La plupart m’imagineraient menuisier, maçon, cordonnier, serrurier, boulanger… Les plus taquins me verraient peut-être exercer le métier de taxidermiste ou de crémateur animalier. Pourtant, le photographe et l’infographiste comptent aussi parmi les métiers de l’artisanat.

C’est dire si le champs des possibles est étendu.

Devenir artisan : des centaines d’activités et de métiers !

Sertisseur, ambulancier, tailleur, bottier, luthier, sculpteur sur pierre… En France on dénombre environ 250 métiers d’artisans qui couvrent plus de 500 activités différentes. Avec son 1,3 million d’entreprises artisanales, ses plus de 3 millions d’actifs et ses 300 milliards de chiffre d’affaires annuel, rien d’étonnant à ce que l’artisanat aime à se présenter comme la « Première entreprise de France« .

Destiné à celles et ceux qui ne rechigneraient pas à s’orienter, voire à se réorienter vers l’artisanat, le FNCPA met à disposition un site dédié : choisirl’artisanat.fr
devenir artisan

Chacun des 250 métiers d’artisan y est sommairement présenté. Malgré quelques dysfonctionnements (la correspondance entre le métier sélectionné et la ou les formations qui y mènent ne fonctionne pas toujours), l’outil offre un aperçu assez exhaustif des métiers existants.

La Chambre des métiers et de l’artisanat définit ainsi l’artisan :

Un artisan est un chef d’entreprise indépendant qui assure, seul ou avec son conjoint, la responsabilité de l’entreprise. Qualifié dans son métier, il est le dépositaire de nombreux savoir-faire transmis essentiellement par le biais de l’apprentissage.
Son statut est juridiquement défini, l’artisan doit :

  • exercer une activité professionnelle de fabrication, de transformation, de réparation, de prestation de services relevant de l’artisanat. L’entreprise doit générer l’essentiel de son revenu de la vente de produits et de services issus de son propre travail.
  • être économiquement indépendant. L’entreprise doit intervenir pour son propre compte et non pour celui d’une autre personne morale ou physique.
  • ne pas employer plus de dix salariés lors de sa création.
  • être immatriculé au Répertoire des métiers. Cette inscription peut être obtenue auprès des chambres de métiers et de l’artisanat après constitution d’un dossier.

Chaque artisan dispose d’une carte professionnelle, reconnaissance pour l’artisan mais aussi garantie pour le consommateur. Cette carte vaut attestation annuelle d’immatriculation au Répertoire des métiers. La carte permet au chef d’entreprise artisanale :

  • d’être reconnu en tant que professionnel de l’artisanat : garantie de savoir-faire et de qualité ;
  • d’attester de la maîtrise des gestes professionnels, de la connaissance des conditions indispensables de sécurité dans l’exécution du service ou du chantier demandés, dans la fabrication ou la transformation d’une matière première ;
  • de satisfaire aux obligations de l’entreprise en matière d’assurance ;
  • de faire la différence avec les professionnels non déclarés, les prestataires non immatriculés au répertoire des métiers ou encore les amateurs face à ses clients ou face à ses fournisseurs.

Formations d’artisan : tout commence dès la fin du collège…

réforme de la voie professionnelleSi elle commence dès l’entrée au collège dans le cadre du Parcours Avenir, c’est en fin de troisième qu’une première orientation va se dessiner.

Qu’il s’agisse des formations diplômantes (BEP, Bac pro, CAP, BTS…) ou des modalités d’études (lycées professionnels, CFA, Apprentissage…), de nombreuses solutions mènent à l’artisanat (passerelles, réorientation…).

Il convient préalablement de définir le ou les métiers d’artisan ou à défaut les secteurs d’activité qui intéresseront le jeune. Et de déterminer parallèlement ses objectifs (durée d’études, diplômes visés…) au regard de sa situation (niveau scolaire…).

Selon les chiffres communiqués par le Ministère de l’Education, plus du tiers des collégiens opteraient pour une seconde professionnelle ou une 1ère année de CAP.

Les images valant parfois mieux que les fastidieuses explications, ce schéma donne un aperçu synthétique des filières et diplômes existants.

artisan avec un bac pro

BTS, métiers d’art, ingénierie… en théorie, les titulaires d’un Baccalauréat professionnel peuvent s’inscrire sur Parcoursup afin de poursuivre dans le supérieur. En pratique, les choses ne seraient pas si simples.

Dans un communiqué du 6 septembre, le Groupe CRCE (qui regroupe 15 élus au Sénat) notait à ce propos :

(…) En première analyse, il semble que 80 % des candidats qui n’ont reçu aucune proposition (sur Parcoursup – ndlr) proviennent des filières professionnelles. Le ministère de l’Éducation nationale propose pour l’instant à une partie d’entre eux de patienter une année de plus dans des « classes passerelles ».

 

 

Préparer son orientation dès la 3e

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Se reconvertir dans l’artisanat : et si vous deveniez un néo-artisan ?

devenir artisanPour celles et ceux qui souhaitent se plonger dans l’histoire de la tapisserie du Moyen-âge à nos jours, découvrir les subtilités de la peinture sur soie, s’exercer au tricot ou s’adonner à la fabrication de bijoux fantaisies, les publications foisonnent.

Les ouvrages abordant l’artisanat sous l’angle des portraits ou des récits d’expériences sont moins nombreux.

Comme si les activités ou les métiers de l’artisanat ne pouvaient s’envisager qu’à l’aune d’un violon d’Ingres. Comme si devenir artisan relevait d’une sorte de sacerdoce inénarrable.

Nouveaux artisans, de Magali Perruchini, publié cette année aux Editions Eyrolles, est l’exception qui confirme la règle.

Après avoir longtemps travaillé dans le secteur de la communication, l’auteure a décidé de « célébrer l’Humain et ce qu’il fait de beau, de bon et de bien » dans le cadre d’un blog aussi facétieux qu’explicite : Les mains baladeuses.

Les 25 portraits d’artisans parisiens qui jalonnent son ouvrage témoignent de son envie de « rencontres et d’histoires de vie inspirantes ».

Ils rendent compte aussi d’un changement de paradigme au sein de cette « génération qui bouscule les codes ». Une évolution qui se nourrit des désillusions de la société de consommation et prône la quête de sens professionnel.

Parmi les membres des jeunes générations, la voie artisanale ou celle du commerce de proximité n’est plus perçue comme un choix par défaut… mais comme une voie de réussite, y compris chez les bons élèves.
Ce basculement spectaculaire des aspirations est le signe que nous changeons d’époque. À mesure que la dégradation symbolique des jobs de bureau se précise, exercer un métier manuel cesse non seulement d’être honteux, mais prend même une forme nouvelle de prestige dans une économie en pleine phase de « transformation digitale », dans laquelle tout le monde manipule des informations et tape sur un clavier, mais où nul n’a l’impression de produire quoi que ce soit d’utile, ni même de tangible.
Extrait de la préface de Jean-Laurent Cassely

Chacun de ces témoignages constitue le fragment d’un quotidien de céramiste, de brasseur, de souffleur de verre, de boulanger, de mécanicien moto… qui a choisi de changer de vie.

L’apport de ces nouveaux artisans ne se limite pas pour autant à une sorte de conservatoire de la tradition. Vivant dans leur époque, ces travailleurs d’un nouveau genre réinterprètent certains métiers et en réécrivent les codes : ils savent allier le geste et la pensée, le local et l’hyperconnecté, l’authentique et le sens commercial et ils excellent à répondre aux attentes d’une génération de consommateurs éduqués eux-mêmes en pleine crise existentielle.

Durant les quelques 250 pages qui mêlent texte et photos, ces femmes et ces hommes partagent leurs raisons d’aimer, leur désir de créer, de produire et de façonner, leur façon de penser l’artisanat.

ENTRETIEN AVEC L’AUTEURE DES NOUVEAUX ARTISANS

les nouveaux artisans
Magali Perruchini a gentiment accepté de répondre à quelques questions.

picto tonavenir.netVous vous intéressez de prêt aux métiers de l’artisanat depuis la création de votre blog en 2014. Après votre carrière dans la communication, avez-vous vous aussi pensé à devenir un jour artisan ?

Après ma formation en communication, j’ai effectivement travaillé plusieurs années en entreprise ainsi qu’en agence de communication en tant que responsable de projets.

Je dois bien avouer que je ne suis pas une manuelle !

J’ai décidé de quitter cette profession car elle ne correspondait pas au quotidien que j’aspirais à vivre.
Comme vous l’avez dit, je nourrissais l’envie de rencontrer des gens qui font « du beau, du bon et du bien » et de les valoriser à travers l’écriture en racontant leur histoire. C’est comme ça qu’un beau jour de décembre 2014, je suis partie avec mon carnet et mon appareil photo sous le bras rencontrer mon tout premier artisan : un réparateur de parapluies, ancien cadre commercial.

picto tonavenir.netQuels sont les points communs des nombreux artisans que vous avez rencontrés ? Plus particulièrement, quels ont été leurs parcours professionnels et de formation ?

Ils ont tous des parcours professionnels distincts. Dans le cadre du blog, j’ai essentiellement rencontré des reconvertis qui étaient d’anciens « cols blancs ». Ils venaient du monde de la communication et du marketing, de l’hôtellerie, du commerce, de la finance…

Ils ont tous pour point commun d’avoir fait le choix de se lancer dans l’entrepreneuriat artisanal après un premier parcours professionnel.

Leurs motivations sont multiples : l’envie d’allier compétences intellectuelles et manuelles ; le besoin de sens et d’autonomie ; le retour à une activité concrète et à la maîtrise de la chaîne de valeur de A à Z. Le tout sous-tendu par une démarche la plus éthique possible.

picto tonavenir.netDans votre ouvrage, vous présentez 25 artisans qui exercent tous leur activité à Paris. Est-ce à dire que « les artisans qui bousculent les codes » ne se rencontrent que dans la ville lumière ? Ce parti-pris éditorial ne donne-t-elle pas un reflet un peu faussé d’une tendance qui tend pourtant à se développer partout en France ?

Le phénomène des « nouveaux artisans » est particulièrement visible dans les grandes villes et notamment à Paris. Il est perceptible notamment à travers l’ouverture de commerces de proximité comme les épiciers, les bouchers et les poissonniers ainsi que les fromagers. Il y a peu encore, ces petits commerces tendaient à disparaître et ils peuplent à nouveau nos rues. C’est un phénomène urbain mais qui bien sûr essaime de plus en plus en province.
C’est la raison pour laquelle il n’est pas spécifié que les artisans sont parisiens ; leur discours et leurs motivations sont communs à tous, quel que soit le territoire. Pour être tout à fait transparente, le choix d’artisans parisiens a été guidé par des contraintes de temps et de budget. J’espère une V2 du livre pour pouvoir emprunter les routes de France et rencontrer des artisans sur tout le territoire.

picto tonavenir.netLa préface des Nouveaux artisans a été rédigée par Jean-Laurent Cassely et Pierre-Yves Gomez. Qui sont-ils et pourquoi les avoir sollicités ?

Jean-Laurent Cassely est journaliste et auteur « De la révolte des premiers de la classe » (Editions Arkhê) qui traite de la reconversion dans les métiers manuels et les commerces de proximité. Dans son ouvrage, il s’intéresse à ce phénomène de « deuxième vie professionnelle » et à l’engouement que suscite depuis quelques années le port du tablier. Chacun à notre manière, nous avons rendu visible une tendance probablement faite pour durer.
Quant à Pierre-Yves Gomez, il est Professeur à l’EM Lyon et auteur, entre autres, de « Intelligence du travail » (Editions Desclée de Brouwer). Au delà de travailler, les artisans à qui j’ai donné la parole répondent avant tout à leur vocation, dont le mot tire ses racines de « vox », la voix qui appelle, comme le souligne M. Gomez.
Chaque témoignage donne une vision micro de ce qui se joue et je souhaitais avoir une analyse plus macro en faisant appel à l’analyse de ces deux experts. J’ai voulu cet ouvrage comme un livre-témoin sur les aspirations et les changements de mentalité qui sont à l’oeuvre dans notre société post-moderne.

Sites utiles sur les métiers et les formations de l’artisanat

  • Les métiers d’art
  • CNAMS (Confédération Nationale de l’Artisanat des Métiers de Service et de Fabrication)
  • CGAD (Confédération Générale de l’Alimentation en Détail)
  • CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment)
  • URMA (Universités Régionales des Métiers et de l’Artisanat)
Artisan en contrat d’apprentissage et fier de l’être !
Photo Magali Perruchini © Matthieu Suprin