À supposer que vous cherchiez un métier pour aider les autres, ce n’est pas sur le site de l’ONISEP, pas plus que sur Parcoursup que la sophrologie vous sera suggérée. Bien que cette « médecine douce » requiert une certification professionnelle spécifique (titre RNCP niveau III) et qu’elle compte plusieurs milliers d’adeptes en France, la profession de sophrologue et à fortiori les formations qui y mènent restent méconnues du grand public.
C’est quoi la sophrologie ?
Aux frontières du paramédical, de la psychologie, de la santé… La sophrologie mêle différentes techniques permettant, très schématiquement, d’améliorer le bien-être d’un individu par une prise de conscience lucide, impartiale et positive de ses émotions.
Le terme « sophrologie » est la contraction de 3 mots grecs : sos (être sain, en bonne santé mentale et physique), phren (équilibre, harmonie) et logos (science, étude). Créée et développée dans les années 60 par le neuro-psychiatre colombien Alfonso Caycédo, la sophrologie s’est progressivement développée dans de nombreux pays occidentaux.
La sophrologie est une science, ou mieux, une école scientifique qui étudie la conscience humaine, ses modifications et les moyens de la faire varier (physiques, chimiques, psychologiques) dans un but thérapeutique, prophylactique ou pédagogique, en médecine
Alfonso Caycédo
Son champs d’action couvre aujourd’hui des besoins disparates et des populations variées qui font du sophrologue un praticien polyvalent : gestion du stress, problèmes d’addictions, préparation mentale des sportifs, des étudiants avant un examen ou encore des cadres en entreprises, troubles du comportement alimentaire, préparation à la maternité, accompagnement des enfants précoces…
Comment devenir sophrologue, un bon sophrologue ?
À l’instar d’un Conseiller d’orientation, il va sans dire que pour exercer la sophrologie efficacement, des capacités d’écoute et un intérêt avéré pour « l’autre » sont nécessaires. Au-delà de ces pré-requis évidents, il conviendra aussi :
- d’aborder sa pratique avec éthique : ne jamais porter de jugement durant les séances quant aux perceptions des « sophronisants » (les « patients »), agir sans discrimination, respecter l’autre, préserver la confidentialité des échanges…
- de rester humble : ne pas promettre plus que ce que la méthode et ses propres compétences peuvent offrir,
- d’être responsable : ne jamais se substituer aux avis d’un professionnel de santé, ne jamais interférer dans un traitement en cours…
Le sophrologue praticien est libre d’exercer comme il le souhaite. Il peut souhaiter être salarié au sein d’une structure telle qu’une maison de retraite, une clinique, un centre de soin… Il peut aussi s’installer à son compte, le plus souvent en libéral. Il peut enfin exploiter son statut de sophrologue dans le cadre de son métier d’origine : sage-femme, infirmier, psychologue…
Comment devenir sophrologue ? En se formant à la sophrologie…
Lapalissade mise à part, il existe de nombreuses écoles qui forment à la sophrologie et permettent d’exercer en tant que sophrologue praticien, quels que soient son âge et son expérience.
La pratique de la sophrologie n’étant pas réglementée en France, il peut s’avérer compliqué de choisir une formation de qualité. Il est toutefois possible de privilégier les écoles qui s’astreignent à certaines façons de faire :
- La pratique étant un élément essentiel de la formation, il conviendra tout d’abord d’éviter les formations à distance.
- Certaines instances, telles que la Société Française de Sophrologie, ont défini les conditions à la fois éthiques et pédagogiques dans lesquelles la sophrologie devrait être enseignée; un minimum de 300 heures de formation sur 1 à 2 années est par exemple requis.
- Si la pratique n’est pas encadrée, il est malgré tout préférable de vérifier que l’école peut se prévaloir d’un certain nombre de certifications et d’affiliations attestant du professionnalisme de son enseignement : diplôme inscrit au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles), adhésion à une organisation ou à un syndicat professionnel, certificat de qualification délivré par l’ISQ (Qualification des Services Intellectuels attestant des compétences d’un organisme de formation pour l’OPQF), respect des particularités de la formation telles que définies par l’Etat…
- Enfin, les organismes de formation étant souvent des structures à taille humaine, une rencontre avec les dirigeants de ces écoles ou à défaut le personnel enseignant permettra d’appréhender leur approche pédagogique.
Une fois le titre de sophrologue praticien obtenu (Cycle Fondamental), des spécialisations peuvent être suivies en fonction des applications envisagées : Relation d’aide, Sophrologie appliquée à l’enfance et l’adolescence, Troubles émotionnels, Phénoménologie existentielle…
Anne Almqvist a suivi une formation de sophrologue et créé ESSA Formations
Disons pour la présenter que l’empathie et la quête du bien-être pour autrui sont à Anne Almqvist ce que le ballon rond est au footballeur averti : à la fois passion et nécessité.
Diplômée en Sciences Humaines & Psychologie, formée par le fondateur de la sophrologie il y a près de 20 ans, infirmière en psychiatrie hospitalière, sophrologue praticienne, enseignante en sophrologie… Anne Almqvist s’est longtemps intéressée aux mécanismes de la relation d’aide et aux liens corps/esprit avant de fonder, en 2004, l’Ecole Supérieure de Sophrologie Appliquée.
Elle a accepté de nous parler du métier de sophrologue.
ENTRETIEN AVEC ANNE ALMQVIST D’ESSA FORMATIONS
Comment présenteriez-vous le métier de sophrologue à un lycéen de 1ère ou de terminale ou à un étudiant qui envisage une ré-orientation ?
C’est un métier de la relation d’aide qui s’appuie sur une approche psycho-corporelle élaborée et structurée en 1960 par un psychiatre, Alfonso Caycedo.
Le sophrologue, par une approche spécifique et méthodique, aide la personne à mieux gérer son stress, ses émotions… qu’il s’agisse d’un sportif, d’un étudiant, d’une personne hospitalisée, d’un chef d’entreprise ou d’un salarié, d’une femme enceinte, d’un parent, d’un enfant… en définitive, quels que soient la problématique, l’enjeu ou la souffrance, l’âge ou le sexe, le sophrologue va transmettre des outils utilisables et adaptables au quotidien pour que chacun puisse trouver la force de faire face à des épreuves parfois complexes et douloureuses de la vie.
Les compétences professionnelles variées du sophrologue lui permettent d’exercer dans différents cadres et structures du domaine de la santé, de l’éducation, de l’entreprise et du sport.
C’est un métier encadré par des instances comme la Société Française de Sophrologie et représenté par des syndicats et le Réseau National des sophrologues Professionnels.
Quelles sont les qualités indispensables à l’exercice du métier de sophrologue ?
Il faut avoir une grande capacité d’écoute et le désir de comprendre et d’aider. Avoir confiance en soi et être capable de liens pour travailler en réseau avec des équipes pluridisciplinaires, des réseaux de professionnels et les acteurs de branches (santé, sport, éducation, entreprise).
Il faut aussi être créatif, et dans une dynamique professionnelle ambitieuse. Savoir se « vendre », prospecter pour contracter avec des entreprises, des établissements hospitaliers, éducatifs ou sportifs. Avoir l’esprit d’entrepreneur, se fixer des objectifs, savoir établir un prévisionnel et planifier son travail.
Il faut enfin savoir utiliser les réseaux sociaux pour partager et faire reconnaitre son expertise. Avoir fait une formation de qualité pour disposer des outils de la méthode et respecter la déontologie professionnelle.
Un jeune bachelier peut-il suivre une formation de sophrologue ?
Nous commençons à avoir des jeunes bacheliers en formation au métier de sophrologue, mais il faut savoir que la formation est enseignée par des centres de formation privés qui n’entrent pas dans le cadre de la formation initiale encadrée par l’éducation nationale.
Ainsi, suivre une formation de sophrologue, c’est sortir du cadre étudiant.
Les formations sont payantes et la certification n’est pas délivrée par l’état; elle est cependant à finalité professionnelle et reconnue par la Commission Nationale de la Certification Professionnelle. Le titre de sophrologue est inscrit au RNCP niveau III bac + 2.
L’admission dans ces centres de formation se fait sur entretien et sur lettre de motivation afin de s’assurer de la cohésion du projet avec l’enseignement et le métier proposé. Attention, certains centres de formation ne prennent pas le temps de recevoir individuellement le candidat pour étudier avec lui son projet professionnel.
Ce métier demande une maturité psychique; il est donc important de s’inscrire dans une formation longue qui permettra la maturation psycho-émotionnelle nécessaire au bon positionnement professionnel nécessaire afin que le sophrologue apporte l’aide appropriée.
Sophrologue salarié ou sophrologue libéral : comment choisir ? Quels sont les débouchés et les perspectives professionnelles ?
Il y a très peu de postes salariés en sophrologie. Il s’agit d’un métier dont l’exercice se fait plutôt en libéral. L’exercice libéral comprend le travail en cabinet ou le sophrologue reçoit ses clients en consultations individuelles, il reçoit également des groupes.
Ce même professionnel libéral se déplace sur le terrain et propose des prestations dans les entreprises, les hôpitaux, l’éducation nationale, les associations… il peut ensuite devenir formateur dans les centres de formation à la sophrologie et accéder progressivement à un poste de directeur pédagogique.
Cependant, il existe des sociétés de portage salarial auprès desquelles le sophrologue peut s’inscrire et, moyennant des frais, sera salarié de cette structure tout en étant indépendant dans son exercice. Cette formule facilite la gestion comptable.
Le métier de sophrologue dans 10 ans, vous le voyez comment ?
Durant les JO d’hiver 2018, nous avons beaucoup entendu parler de la préparation mentale des sportifs pour faire face à la pression de la compétition et pour améliorer les performances.
La notion de réussite sociale, professionnelle, parentale, scolaire … met chacun face à une perpétuelle quête d’excellence et donc de performance personnelle qui est complexe à gérer au quotidien. Ainsi, la population a de plus en plus besoin d’apprendre à se poser, à lâcher prise, à se ressourcer et s’adresse de plus en plus aux sophrologues pour trouver une aide et répondre à sa quête de bien être.
Les interventions de sophrologues dans les écoles, les entreprises et dans les structures de santé se démocratisent car ce métier apporte à chacun une nouvelle philosophie de vie propice au mieux être.
Certaines mutuelles commencent à rembourser les séances de sophrologie car cette méthode permet de préserver ou de recouvrer la santé. C’est la preuve de la reconnaissance de son efficacité. A terme, elle sera certainement remboursée par la sécurité sociale car l’avancée des neurosciences et les études scientifiques menées témoignent de son efficacité.
Les sophrologues feront partie des équipes pluridisciplinaires dans les unités de soins. Dans les unités de cancérologie, les sophrologues sont déjà de plus en plus présents ainsi que dans les Centres Médico-Psychologiques.
Qualité de Vie au Travail (QVT), lâcher prise, méditation, micro-sieste, management bienveillant… sont des termes qui font partie du langage courant de l’entreprise.
J’imagine un sophrologue acteur dans chaque entreprise pour permettre aux collaborateurs de se libérer de leur stress inhibiteur et contreproductif pour que chacun puisse libérer son potentiel créatif et innovant.