Accueil > Le Mag > Année de césure étudiante : partir pour mieux repartir ?

Semestre de formation dans une université australienne, cours de langue en Finlande, stage professionnel en agroécologie, bénévolat ou mission de service civique, voire traversée de l’Atlantique à la voile ou écriture d’un roman… pour un étudiant, l’année de césure peut s’avérer utile ou nécessaire avant d’envisager la suite.

La césure est une période pendant laquelle un étudiant inscrit dans une formation initiale d’enseignement supérieur suspend temporairement ses études dans le but d’acquérir une expérience personnelle ou professionnelle, soit en autonomie, soit encadré dans un organisme d’accueil en France ou à l’étranger.
Code de l’éducation

Cette pause étudiante offre d’innombrables occasions de penser sereinement une orientation, une réorientation ou une poursuite d’études. Elle concerne environ 15% des étudiants (dont un tiers dans le cadre d’une césure telle que définie par le Code de l’éducation).

Qui sont ces jeunes qui interrompent leur parcours de formation ? Pourquoi le font-ils ? Quelles sont les règles applicables ?

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Interruption temporaire des études dans le cadre d’une année de césure…

Monnaie courante dans les pays du nord de l’Europe en particulier, l’interruption des études pâtit encore en France de la perception « linéariste » des études post-bac. Et ce malgré certaines évolutions dues en partie au dispositif qui rend possible et encadre l’année de césure depuis 2015.

Alors que le Danemark par exemple facilite des parcours d’études longs entrecoupés d’expériences dans une logique de développement personnel, chez nous, l’obtention du diplôme reste la panacée parce qu’il s’inscrit dans un modèle méritocratique qui détermine la place de l’individu dans la société.

Le parcours idéal et « typique » serait alors un parcours linéaire sans interruption ou réorientation, à un âge de sortie du système éducatif qui ne dépasse pas l’âge théorique de fin d’études. Il faudrait par exemple obtenir un master en cinq ans seulement.
Ines AlbandeaLa perception des parcours d’études non linéaires par les recruteurs

L’enquête Génération du Cereq le confirme : sur le plan de l’insertion professionnelle, seules les expériences à internationale constituent des atouts quelle que soit la nature de la pause estudiantine (avec ou sans césure). Plus généralement, et alors même qu’elle tend à se développer, la césure inquiète plus qu’elle ne séduit les employeurs.

Une année de césure pour faire quoi ?

Damien vient d’achever deux années intensives de prépa littéraire. Christelle a obtenu son Bachelor en management. Ludivine hésite à poursuivre en seconde année de licence d’histoire de l’art. Lucas a passé sont Bac avec succès.

Qu’ils et elles s’interrogent sur la suite de leur parcours, doutent de la filière choisie, questionnent leurs aspirations profondes ou s’interrogent sur le métier à exercer importent peu. L’hypothèse d’une interruption des études naît fort souvent d’un besoin de faire le point ou de recharger ses batteries. Elle relève d’une envie de prendre du recul avant de poursuivre et d’avancer.

A l’instar du programme Take Me up qui combine ouverture à soi et ouverture au monde, certains ne s’y sont pas trompés : l’année de césure séduit de plus en plus de jeunes.

Parenthèse volontaire et souvent bénéfique lorsque préparée, la césure offre la prise de recul qui précède l’engagement dans une formation ou un métier.
C’est un moment privilégié pour se découvrir autrement, en dehors du cadre scolaire, pour développer sa curiosité, gagner en confiance et travailler ses « soft skills » : faculté d’adaptation, autonomie, rapport à l’autre, ouverture d’esprit…

Cette période peut être aussi l’occasion de construire un projet professionnel plus aligné, en testant concrètement des métiers ou des environnements de travail.

Et puis l’année de césure constitue parfois un passage obligé lorsque que l’on souhaite postuler en Master. Sous réserve qu’elle coïncide avec la formation ciblée, l’expérience acquise par l’étudiant peut alors faciliter l’admission.

Mais que faire pendant une césure ?

Les possibilités sont multiples : voyager utile grâce au volontariat international, au woofing ou aux programmes PVT ; travailler (service civique, stage…) ; se former différemment (MOOC, écoles alternatives…) ; s’engager (association, projet social…), etc.

L’année de césure peut être un moyen opportun de réfléchir à son avenir et d’identifier des pistes d’études et d’activités.

mentor et élève
césure pour faire de l'écologie

Césure : un temps pour soi qui se prépare

Quel que soit le projet envisagé, la césure ne doit pas s’apparenter à une échappatoire, à une solution par défaut qui permettrait de fuir une situation.

Par ailleurs, quand bien même serait-elle motivée par le souhait de découvrir le monde ou de s’adonner à un violon d’Ingres, cette interruption devrait être pensée pour la suite, dans une perspective post-césure.

On peut souhaiter s’arrêter parce que l’on doute du métier que l’on aimerait exercer ou des études que l’on voudrait poursuivre, mais pour être productif, ce temps suspendu s’inscrira dans une démarche volontaire et réfléchie qui offre des réponses à ses questionnements existentiels.

Préparer une césure réussie, c’est :

  • analyser avec lucidité les raisons d’un tel projet, comprendre ce qui motive cette envie;
  • lui assigner des objectifs : apprendre une langue, découvrir un secteur d’activités… ou trouver le métier de ses rêves !
  • solliciter un accompagnement et se faire conseiller pour sa mise en oeuvre, afin que le dispositif d’interruption choisi concorde avec l’objectif fixé.
préparer son année de césure

En pratique, l’année de césure n’est pas une année sabbatique !

Pour bénéficier des avantages d’une année de césure, il faut respecter les règles définies par le Code de l’éducation.

Une année de césure pour qui ?

La césure est ouverte aux néo-bacheliers et à tout étudiant inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur français, que ce soit à l’université, en grande école ou en classe préparatoire.

Quand faire une césure ?

Elle peut être effectuée à différents moments du parcours universitaire : dès l’admission en première année post-bac, entre deux années d’un même cycle (ex : L2/L3) ou entre deux cycles (ex : licence/master).

En revanche, une césure après la dernière année d’un cycle n’est possible que si l’étudiant est admis dans le cycle suivant (exemple : après un master 2, si l’on est admis en doctorat).

La césure ne peut durer que deux semestres universitaires (soit une année) par cycle d’études, mais il est possible d’effectuer plusieurs césures dans la limite d’une par cycle d’études. La césure débute obligatoirement avec le semestre universitaire.

Quelles sont les activités couvertes par une césure ?

La césure permet de suspendre temporairement sa formation pour :

  • avoir une expérience professionnelle (stage, emploi),
  • suivre une formation dans un autre domaine ou un autre établissement,
  • s’engager dans une mission de service civique, un volontariat, une activité associative…
  • développer un projet personnel (voyage…),
  • créer ou développer une entreprise…

Comment demander une année de césure ?

Il faut en faire la demande auprès de la formation dans laquelle l’inscription a été faite et obtenir son approbation (certains établissements ne la proposent pas).

La procédure :

  • rédaction et soumission du projet détaillé de césure (objectifs, activités envisagées, modalités…) et le plus souvent d’une lettre de motivation,
  • examen de la demande par l’établissement (les délais de réponse peuvent varier d’une formation à l’autre),
  • l’étudiant conserve son statut pendant la césure, mais la période ne permet pas de valider ses crédits ECTS.

N.B : pour un néo-bachelier qui souhaite faire une césure avant d’entamer ses études, la demande s’effectue sur Parcoursup.

Ressources

  1. La césure comment ça marche ?
  2. La césure sur le ministère de l’enseignement supérieur