Accueil > Le Mag > Quel métier manuel choisir ? Ole Thorstensen est devenu charpentier !

Je suis charpentier, titulaire d’un certificat d’aptitude professionnelle et d’un brevet de maître-artisan, ce que la plupart des gens appellent un menuisier.

charpentier un métier manuelAinsi commence Le Journal d’un artisan d’Ole Thorstensen, publié cette année aux Editions Gaïa. Après Nouveaux artisans de Magali Perruchini que nous présentions il y a dix jours, une nouvelle occasion nous est donnée d’aborder les métiers manuels.

Dans son Journal, l’auteur, norvégien de naissance, conte le quotidien de son métier à travers le récit d’un chantier que lui confie la famille Petersen dans la périphérie d’Oslo.

Ce fil rouge lui sert de prétexte à évoquer sa passion de travailleur manuel, autant que les contraintes d’entrepreneur qu’elle suppose…

La paperasserie est une calamité pour toutes les petites entreprises, un trou noir qui dévore le temps et l’énergie avec une force qui semble s’accroître à mesure qu’on le nourrit.

Tel un artisan-sociologue, Ole profite aussi de cette tribune pour livrer sa vision sans fard d’un monde en mutation. Sans d’ailleurs jamais que ses constats n’émoussent le moins du monde une inclination avérée pour la pose à coupe perdue ou la jambe de force.

Que l’idée ait plus de valeur que sa réalisation concrète, voilà une conséquence naturelle d’une société théorisée. L’aspect concret est sale et imprécis tandis que l’idée est pure et vierge. La théorie est toujours parfaite, jusqu’à ce qu’on essaie de la mettre en pratique et qu’on fasse intervenir la faillibilité des hommes et des matériaux.

journal d'un artisanENTRETIEN AVEC L’AUTEUR DU JOURNAL D’UN ARTISAN

picto tonavenir.netAvez-vous toujours voulu devenir artisan ? Quand et comment est née cette envie ?

Enfant, mes centres d’intérêt étaient divers et variés. Mais la façon dont sont fabriquées les choses m’a toujours intéressé. Mes parents m’ont dit que j’avais tendance à poser sans cesse des questions aux artisans qui venaient travailler chez nous. À tel point qu’ils avaient quelques difficultés pour faire ce qu’ils avaient à faire.
J’ai toujours aimé fabriqué des trucs par moi-même. Et j’avais 15 ans quand j’ai effectué mon premier job d’été dans la construction. J’ai commencé à étudier à l’université, mais j’ai arrêté quand j’ai réalisé qu’un travail de bureau ne me conviendrait pas.

Peu de temps après j’ai compris que le métier d’artisan était fait pour moi.

Je ne veux pas idéaliser mon métier d’artisan et ce que je fais. C’est d’abord et avant tout un travail, mais c’est aussi très important pour moi. J’aime vraiment mon métier et j’en suis fier.

picto tonavenir.netQuelle formation(s) avez-vous suivi(s) ?

J’ai cherché et trouvé un bon maître-artisan charpentier et il a accepté de me laisser travailler pour lui. Trop âgé pour étudier dans une école professionnelle, j’ai appris le métier en travaillant. Grâce à mes 5 ans de pratique j’ai pu passer un examen théorique, puis un examen pratique.

Je crois que ce dernier correspond à ce qu’on appelle un « chef-d’oeuvre » ou un « travail de réception » pour un Compagnon.devenir charpentier

Il correspond à une réalisation spécifique qui nécessite une semaine de travail. Je pense qu’en général, la meilleure façon d’apprendre un métier c’est de l’exercer. S’il est important de suivre des cours dans une école professionnelle pour acquérir les bases, la pratique reste essentielle.

picto tonavenir.netQuelles sont selon vous les qualités indispensables d’un bon artisan ?

Dévouement, implication. Le travail à faire est aussi important que la façon dont il est fait. Il y a la commande du client et il y a le processus, la méthode traditionnelle qui permet de l’honorer. Il faut les deux. Le talent prime souvent sur la vision et le dévouement. C’est grâce à la pratique que nous progressons, ce qui veut dire qu’il faut du temps et des efforts; la formation n’est jamais terminée.

picto tonavenir.netEn France, les filières de l’apprentissage et des métiers dits « manuels » sont souvent perçues, voire présentées comme des voies par défaut, faute de mieux. Qu’en est-il dans votre pays, la Norvège ?

Les choses sont à peu près les mêmes en Norvège. En fait, il me semble que ce phénomène existe dans tous les pays qui ont développé une culture académique de l’éducation.

En Norvège, nous avons un système de formation assez solide pour les métiers dits « manuels », mais pendant longtemps cela n’a pas été le cas.

L’idéal consiste à obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur. Le recours au terme « supérieur » suggère que mon éducation serait « inférieure », ce qui explique beaucoup de choses.
L’enseignement supérieur en général permet d’avoir un meilleur salaire et de meilleures conditions de travail. Pour s’en convaincre il suffit de compter le nombre de parents qui préfèrent que leurs enfants obtiennent une licence et ceux qui souhaitent faire d’eux des artisans.

 

métiers manuelsApprendre un métier manuel dans le domaine du bâtiment  ?

Les métiers manuels dans le bâtiment sont répartis en trois grandes familles :

  1. le Gros œuvre, tel que charpentier ou maçon…
  2. le Second œuvre et de la finition (peintre en bâtiment, menuisier, couvreur…)
  3. l’équipement technique et électrique, qui inclue les électriciens, les plombiers, les chauffagistes…

Véritable baromètre économique, le secteur compte près de 560 000 entreprises, emploie environ 1 million de personnes et réalise un chiffre d’affaires de l’ordre de 80 milliards d’euros*.

Se former aux métiers manuels : le cas du charpentier

Le Fonds National de Promotion et de Communication de l’Artisanat (FNPCA) définit ainsi les activités du charpentier :

Quand il réalise une charpente, ce professionnel en fabrique les pièces de A à Z. À partir des plans dressés par l’architecte, il peut dessiner en grandeur réelle les formes de la charpente (l’épure) ou utiliser le dessin assisté par ordinateur (DAO).
Puis il choisit le bois, trace des repères pour procéder aux coupes et façonne les pièces à l’aide de machines portatives voire à commande numérique.
Enfin, il assemble la structure définitive sur le chantier: c’est le levage. Outre les charpentes traditionnelles, il réalise aussi des bâtiments en lamellé-collé (gymnase, église, salle des fêtes…), des ouvrages tout en bois (chalets), des escaliers, des parquets et restaure des charpentes anciennes.

Plusieurs formations sont accessibles dès le collège :

  • Niveau V (après l’année terminale ou de 2nd cycle général et technologique avant l’année terminale) : CAP charpentier bois – BEP bois option construction bois
  • Niveau IV (après une classe de terminale de l’enseignement secondaire) : BP charpentier – Bac pro interventions sur le patrimoine bâti – Bac pro technicien constructeur bois – MC zinguerie – Bac technologique sciences et technologies industrielles (STI) spécialité génie mécanique option bois et matériaux associés
  • Niveau III (avec un diplôme de niveau Bac+2) : BTS charpente couverture – BTS systèmes constructifs bois et habitat (SCBH) – BMS

Dans notre culture d’artisan, un trait distinctif de l’ouvrier en bâtiment est de savoir tout faire dans son domaine (…) Le gros oeuvre dans tous les secteurs artisanaux est peu prestigieux et se voit souvent qualifier de « travail de merde », mais c’est en réalité le test essentiel qui distingue un bon artisan consciencieux d’un prétentieux négligent. La plupart du temps, l’artisan qui déblaie et nettoie correctement est aussi compétent dans les autres parties de son travail.
Le Journal d’un artisan – Ole Thorstensen

Pour en savoir plus sur les métiers du bâtiment :

* Source : CAPEB