Le Figaro, Le Parisien, Challenges, Le Point, L’étudiant… les classements d’écoles de commerce, de management ou de gestion sont aux formations post-bac ce que le mercato est au football. Chaque année, les jeunes consultent ces palmarès pléthoriques et protéiformes pour faire leurs emplettes éducatives. Soumis à la sagacité des familles, ils constituent un moyen de sélection auquel peu échappent.
Mais comment appréhender leur fiabilité ? Et sur quels critères s’appuyer pour sélectionner l’école et la formation adaptées au profil du futur étudiant ?
Les classements d’écoles de gestion ne font pas l’unanimité
Inventés par l’américain John A. Byrne à la fin des années 80, le concept de classements d’écoles de commerce a été largement exploité depuis. Tant pour les écoles post-prépas que pour les écoles post-bac.
Mais pas nécessairement avec la déontologie requise semble-t-il.
C’est en tout cas ce qu’en 2016, l’ancien patron du magazine Business Week expliquait dans un entretien accordé à l’organisme d’accréditation AACSB (Association for the Advancement of Collegiate Schools of Business), qualifiant de « monstres » les classements qu’il avait lui-même enfantés.
C’est un monstre parce que tout le monde a décidé de classer les écoles. Il n’y a pas de moyen parfait de classer vraiment les écoles de commerce ou toute autre école. Ce que vous avez, c’est beaucoup de méthodologies imparfaites et biaisées. Elles sont même intellectuellement malhonnêtes. Certaines d’entre elles sont franchement sans intérêt journalistique, les gens mesurent des choses qui n’ont rien à voir avec la qualité et relèvent parfois du politiquement correct… Oui, je pense que j’ai créé le monstre en 1988 lorsque j’ai créé le premier classement Business Week des écoles de commerce.
John A. Byrne – Vidéo de janvier 2016
John Byrne n’est pas le seul à remettre en cause la crédibilité des palmarès d’écoles de management.
Dans son Guide critique des écoles de commerce mis à jour cette année, Patrice Gibertie passe en revue la plupart des critères utilisés par les médias pour l’évaluation des écoles de commerce.
Ce professeur honoraire de chaire supérieure à l’université de Rennes 2 doute par exemple que le fait de mesurer l’implication des écoles dans la recherche d’excellence puisse contribuer à garantir d’une quelconque façon les qualités pédagogiques des enseignants-chercheurs.
Une école qui préfère se tourner vers des professionnels compétents mais publiant peu sera mal notée.
Arguant des scandales ayant démontré qu’il était aisé de progresser dans un classement d’école en « important » des étudiants chinois, il s’interroge sur la pertinence du taux d’étudiants étrangers comme facteur « d’internationalisation des campus français de l’école ».
Le critère du double diplôme pris en compte par certains classements d’écoles de commerce (Challenges, L’Étudiant…) est disséqué aussi. Si l’auteur se félicite de l’initiative, il s’étonne en revanche de la façon dont cet indicateur est utilisé…
Qu’apporte sur le marché un diplôme de gestion complété d’un diplôme de gestion de même niveau ? Rien. Pourtant le classement fait de cet artifice un point positif. Un diplôme de gestion complété d’un diplôme d’ingénieur ou de droit, c’est autre chose, cela correspond à une double compétence. La presse ne fait pas la différence.
Reste que ces classements ayant une influence avérée sur les choix des étudiants, les écoles de commerce et de gestion tendent à s’adapter aux critères pris en compte dans ces palmarès plutôt que d’envisager des stratégies originales et des pédagogies innovantes.
Un facteur d’uniformisation et d’immobilisme dont rendait compte la Fnege dans une étude réalisée par une enseignante à Dauphine et la directrice générale de l’école Neoma BS.
En définitive, à défaut de pouvoir réaliser des audits pointus et des contrôles drastiques des informations communiquées par les écoles, l’évaluation de la qualité d’un enseignement demeure sujette à circonspection. À fortiori quand la méthodologie choisie, quand elle est expliquée, reste opaque.
Par ailleurs, l’étalage brut de colonnes chiffrées et de statistiques ne saurait suffire « à quantifier ce qui relève du subjectif et de l’immatériel », comme le fait remarqué le journaliste Jean-Claude Lewandowski.
Palmarès d’écoles de commerce et de gestion : comment choisir ?
Lire un classement d’écoles de commerce et de gestion suppose de s’intéresser aux critères pris en compte. Pas simple, tant ils sont nombreux, hétérogènes et parfois incohérents d’un palmarès à l’autre, voire au sein d’un même classement.
Alors que faire ?
Le portrait-robot de la bonne école de commerce est assez facile à dessiner. Il s’agit d’une école ou les étudiants travaillent avec des professeurs de haut niveau mais également avec des professionnels compétents. Les relations avec le monde professionnel sont étroites. Le réseau d’anciens épaule les étudiants, les écoles participent aux forums, les cours préparent à des certifications professionnelles. L’international passe plus par la dispersion des étudiants dans les institutions partenaires que dans la mise en place d’un campus à l’étranger. Ce portrait-robot plébiscite le modèle français de grande école et n’a que peu de points communs avec les critères complexes utilisés par la presse pour classer les écoles.
Patrice Gibertie – « Les classements démystifiés »
Relativiser l’importance des classements d’écoles de commerce
Nous l’avons vu : la fiabilité des classements des écoles de commerce et de gestion reste à démontrer.
En outre, selon un sondage réalisé en 2010 par la CCIP, la très grande majorité des entreprises ne feraient pas de différence entre les écoles de gestion et n’opèreraient pas de distinction salariale selon la business school choisie. Tendance confirmée par une autre étude de 2016 mise en place par LinkedIn auprès de 16 000 DRH (plus de 1200 répondants).
L’expérience professionnelle acquise serait en revanche un facteur important lors du recrutement.
En dépit de leur sur-exposition par les médias qui les développent et les promeuvent, les palmarès des écoles de commerce n’ont donc pas nécessairement une forte influence sur les entreprises qui embauchent. Une réticence compréhensible quand on songe que certains ont même conçu un Baromètre Digital pour classer ces écoles.
S’agissant du choix d’une école de management, les classements ne sont pas la panacée.
Comment choisir son école de commerce ?
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Choisir le bon diplôme
L’obtention d’un Bachelor ou d’un BBA n’ouvre droit à aucune équivalence officielle. Selon Patrice Gibertie, ces diplômes conduisent de nombreux jeunes à suivre une formation complémentaire à des coûts souvent prohibitifs. Mieux vaut opter pour un Master, spécialisé ou non, ou encore un « vrai » double diplôme.
S’intéresser aux certifications des écoles
Les labels reconnus et pertinents à prendre en compte sont au nombre de 3.
- Equis (European Quality Improvement System) : il est délivré par l’EFMD (European Foundation for Management Development) aux écoles de commerce (non à un programme de formation) proposant le grade officiel de Master et qui répondent à un cahier des charges précis (programmes, équipe pédagogique, ressources…).
- AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) : cette association centenaire accrédite les écoles de management sur des critères tels que les valeurs de l’école, sa gouvernance, ses partenariats avec d’autres établissements…
- AMBA (Association of MBAs) : ce label d’origine britannique réputé car exigeant, est délivré par l’association éponyme depuis la fin des années 60. Il n’évalue que les Masters et les MBAs.
À ce jour, seules 15 écoles de commerce françaises bénéficient de ces 3 labels de qualité.
- HEC
- Audencia Nantes
- EDHEC
- EM Lyon
- ESSEC
- ESSCA
- ESCP
- GEM (Grenoble École de management)
- IÉSEG
- INSEAD
- KEDGE
- Neoma Business School
- SKEMA
- École supérieure de commerce de Toulouse
- ESC Rennes
Prendre l’avis d’autres étudiants d’écoles de gestion
Une méthode dont les Conseillers(ères) du réseau Tonavenir sont friands. Le point de vue in situ des étudiants offre un éclairage on ne peut plus intéressant sur la qualité d’une école de commerce. Enseignants, pédagogie, ambiance de travail, professionnalisation… les retours d’expériences des milliers de jeunes ayant été accompagnés par Tonavenir serviront à conseiller celles et ceux qui s’interrogent.
Ce « palmarès » annuel non officiel est une sorte de Parcoursup des Grandes écoles de management, accessible via les concours BCE et Ecricome. Il recense les préférences et les choix des élèves avant leur affectation définitive. Il offre donc un aperçu brut des formations plébiscitées par les jeunes.
Bien que ce système ne prenne pas en compte les résultats des admissions parallèles (lesquelles comptent pour une bonne moitié des inscriptions), depuis une quinzaine d’années, le top 10 des écoles préférées des étudiants n’a guère varié : HEC, Essec, ESCP, EM Lyon, Edhec, Audencia, GEM, Neoma, Toulouse BS, Skema, Kedge.
Analyser le détail des classements
Si décidément les classements sont votre violon d’Ingres alors il convient d’opérer une analyse minutieuse des critères évalués (prix des formation inclus). En privilégiant ceux qui correspondent à vos attentes pour faire vos choix.
À défaut, des alternatives aux classements médiatiques des écoles de commerce existent. Bien que peu exploités, les indicateurs concernés sont d’ailleurs d’une grande fiabilité dans la mesure où ils permettent à la Commission d’Evaluation des Formations et Diplômes de Gestion (qui dépend du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche) d’octroyer, ou pas, le grade officiel de Master aux écoles candidates.