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Formations en Intelligence Artificielle et métiers de l’IA : ce qu’il faut savoir

30 Sep 2019 | Orientation, formations & métiers

L’intelligence artificielle ou IA, tout le monde en parle mais combien savent ce qu’elle recouvre ? Faut-il s’en préserver ? Quels sont les domaines, les activités, les métiers qui l’utilisent ? Peut-on se former à l’IA ? Quelles sont alors les formations existantes ?

Synthèse de cette tendance qui tantôt inquiète, tantôt interroge et dont les applications couvrent de nombreux secteurs.

coder pour l'intelligence artificielle

L’intelligence artificielle c’est quoi ?

On évoque beaucoup l’IA depuis une petite décennie. Le concept n’en a pas moins été créé il y a plus de 60 ans. Dans les années 50, John McCarthy travaille à la mise au point d’un programme informatique capable de reproduire les raisonnements humains.

L’intelligence n’est pas la capacité de stocker des informations, mais de savoir où les trouver.
Albert Einstein

Les travaux du docteur en mathématiques américain déboucheront notamment sur la création d’un jeu d’échec opposant deux machines.

Depuis, les tentatives de modélisation du cerveau par le biais de fonctions mathématiques ont été pléthoriques. Mais peut-on parler « d’intelligence artificielle » ?

CTO SamsungLuc Julia lui préfère le terme d’intelligence augmentée.

Pour l’inventeur de l’application SIRI et actuel patron de l’Innovation de Samsung…

Il s’agit d’une utilisation abusive. Cela ne me dérange pas, mais je préfère pour conserver l’acronyme « IA » parler d’intelligence augmentée, ou d’intelligence assistée. Cependant, le terme « intelligence » me gêne, car il n’y en a pas. Et encore moins d’intelligence qui dominerait le monde. Dans ce cas, il s’agit de marketing utilisé par des gens qui veulent faire parler de leurs bouquins ou de leur entreprise, comme Elon Musk. Des spécialistes de l’IA, tels Jean-Gabriel Ganascia – qui est professeur depuis trente-cinq ans – ou Yann Le Cun – qui est au cœur du renouveau de l’IA chez Facebook en ayant mis en perspective le deep learning – vous diront que cette intelligence est loin d’être aussi intelligente que notre cerveau.
Luc Julia – Magazine Stratégies du 24 juin 2019

S’il fallait résumer ce dont est capable l’intelligence artificielle, sans doute pourrait-on dire qu’elle permet de faire bien mieux et bien plus vite ce qu’un humain pourrait faire aussi. Et ce en combinant datas (données), puissance informatique et performance algorithmique.

Mais alors où trouve-t-on de l’IA ?

L’IA est utilisée dans d’innombrables domaines et pour autant d’applications

Industrie, marketing, finance, santé, commerce, transport, environnement… l’intelligence artificielle est autant présente dans le monde que les bactéries dans un Maroilles. Qu’on le veuille ou non, qu’on le sache ou pas.

Avec l’arrivée des Home Pod, Google Home et autre Amazon Echo, elle occupe jusqu’aux espaces de notre quotidien pour nous faciliter la vie.

Une omniprésence certes moins odorante que pour l’illustre fromage mais tout aussi discrète.

intelligence artificielle et robotiqueDe l’optimisation de sa consommation d’énergie à la traduction instantanée du chinois au roumain, en passant par le diagnostique médical ou la reconnaissance faciale, l’IA n’a probablement pour seule limite que les applications susceptibles d’être imaginées par les entreprises pour satisfaire leurs besoins et les attentes de leurs clients.

Autant dire que les perspectives sont infinies.

L’augmentation notable des offres d’emplois dans ces domaines illustre bien cet engouement, faisant de l’IA un secteur indéniablement porteur.

Alors qu’il ne dépassait pas quelques centaines de millions de dollars il y a 3 ans, le marché de l’IA devrait dépasser les 80 milliards de dollars d’ici à 5 ans.

L’éducation et l’orientation scolaire ou professionnelle n’échappent pas à cet intérêt pour l’intelligence artificielle

Quelques entreprises ont investi le créneau.

Impala, Pixis, HelloCharly… fondent leur modèle sur l’exploitation des datas pour identifier des pistes de métiers et proposer aux jeunes d’être « acteurs » de leur orientation. Soit directement, soit par le biais de certains établissements scolaires manifestement désemparés.

formation intelligence artificielleA l’instar de Parcoursup, ces start-up exploitent des algorithmes plus ou moins sophistiqués, plus ou moins aboutis, pour aider les élèves à trouver leur voie.

Nous devons poursuivre le travail sur les outils : améliorer les algorithmes, continuer à actualiser les fiches métiers et la recherche de contenus inspirants.
Entretien avec les fondateurs de PixisFrenchweb – novembre 2018

Si les tests et bilans d’orientation permettent de compléter la mission du conseiller d’orientation, faut-il se réjouir de l’arrivée de solutions visant à remplacer l’humain par la machine pour déterminer l’avenir professionnel d’un collégien, d’un lycéen ou d’un étudiant ?

On pourra en particulier interroger :

  • la simplicité d’utilisation de ces plateformes,
  • le caractère sur-mesure, personnalisé des suggestions opérées,
  • l’efficience ou à défaut l’utilité réelle des résultats obtenus,
  • les sources d’informations exploitées pour concevoir les algorithmes qui déterminent ces résultats,
  • l’utilisation qui peut être faite des données personnelles laissées sur ces plateformes ?

L’IA doit pouvoir se développer dans un cadre éthique

Efficience accrue d’un malware ou d’une tentative de phishing, fake news, robot tueur… les hypothétiques dérives de l’intelligence artificielle, fondées ou non, alimentent les craintes de certains.

Le recours aux algorithmes pour fixer une peine de prison ou le montant des aides sociales (en cours aux Etats-Unis), pour déterminer le degré de probité d’une baby-sitter ou les préférences sexuelles d’un individu constituent des exemples légitimement anxiogènes.

L’audit d’un système d’intelligence artificielle est-il envisageable ? Quel est son niveau de fiabilité ? Existe-t-il une possibilité de recours ?…

dérives de l'intelligence artificielleDans un rapport intitulé « L’utilisation malveillante de l’intelligence artificielle : prévision, prévention et atténuation«  diffusé en février 2018, chercheurs, philosophes, représentants de grandes firmes… ont dressé un bilan des risques et fait une série de propositions préventives.

Bien qu’il n’est pas vocation à alarmer, ce rapport pointe des risques réels. Il constitue le second volet des « 23 principes d’Asilomar », un autre document publié un an plus tôt par l’association Future of Life Institute et signé par plus de 2000 personnes du monde entier.

Dans son rapport sur l’IA rendu public en décembre dernier, la Commission européenne aussi suggérait que les développements en la matière respecte les droits fondamentaux, la législation en vigueur et l’éthique  :

Il faudrait garder à l’esprit que la confusion entre humains et machines peut avoir des conséquences multiples, comme l’attachement, l’influence ou la réduction des valeurs humaines. Le développement de robots androïdes et humanoïdes devra donc faire l’objet d’une soigneuse évaluation éthique

Et dans le compte-rendu de la conférence sur le thème « Orientation et intelligence artificielle » organisée en octobre 2018 par le réseau Euroguidance et ERASMUS+, les auteurs insistaient :

Dans l’orientation initiale, apporter des éléments objectivés de trajectoire prospective pour mieux conseiller un élève impose de penser la question de son libre-arbitre et engagement, en laissant de la place pour le hasard et le surgissement de l’inattendu.
Un marché des applications d’orientation en ligne risque aisément de se développer sur l’angoisse des personnes. Comment rendre à l’individu une autorité sur les données le concernant et leur traitement ? Algorithmes et systèmes automatisés procèdent d’une intention humaine : le sujet doit donc être en mesure d’identifier celle-ci. Les conseillers auront à établir un lien entre les instruments qu’ils utilisent et la nécessité de favoriser l’engagement des personnes dans leurs propres trajectoires, d’apprentissage comme de travail.

dérives de l'intelligence artificielle

Où se former à l’intelligence artificielle ?

Big data, machine et deep learning, robotique, management des systèmes d’informations, systèmes électroniques embarqués, cyber sécurité… les secteurs et les application de l’IA étant vastes, les débouchés professionnels et les métiers nécessitant des compétences en intelligence artificielle le sont tout autant.

Autant dire que la recherche d’une formation dédiée dépendra de votre situation et de vos souhaits d’orientation.

 

Alors que les MOOCS, bootcamps et autres cours en ligne ou en présentiel sont légion, le choix d’un cursus en formation initiale nécessitera une étude plus approfondie, fonction de vos envies, de votre parcours scolaire et de vos contraintes (financières, géographiques, de durée d’études…).

En France, suite au rapport de Cédric Villani sur l’Intelligence artificielle, Emmanuel Macron s’était engagé à promouvoir la filière et à développer :

…écoles de mathématiques, d’ingénierie, d’intelligence artificielle, de data scientist, de façon à doubler le nombres d’étudiants dans le supérieur.

Près d’1,5 milliard d’euros devrait être investi dans le cadre du Plan IA présenté en mars 2018.

Reste qu’entre les écoles d’ingénieur qui proposent déjà des formations idoines, les écoles de commerce qui ont commencé à investir les champs de l’IA et les universités qui disposent déjà d’une vingtaine de masters spécialisés, il n’est pas aisé de se repérer.

L’ENTRETIEN SANS CONCESSION AVEC CAMILO RODRIGUEZ

camilo rodriguezConférencier et enseignant, Camilo Rodriguez est par ailleurs le fondateur du Machine Learning Lab, un cabinet de conseil en IA basé à Paris. Il a lancé l’atelier « Découverte de l’intelligence artificielle » afin de vulgariser ce sujet auprès du grand public.

Nous l’avons rencontré.
Son souhait : participer à faire bouger les mentalités et la parité dans l’IA.

Parce que cette révolution nous concerne tous, que personne ne doit se sentir exclu de l’intelligence artificielle.

Quelle(s) formation(s) avez-vous suivi ?

Camilo Rodriguez • J’ai fait une école de commerce en Colombie et je suis arrivé en France en 2004 pour faire un mastère en développement international chez Neoma Business School.

Après 12 ans d’expérience commerciale, je me suis formé au développement web à la 3W Academy et j’ai suivi différentes formations en Machine Learning de l’Université de Stanford.

Je suis la preuve même que l’IA n’est pas réservé aux prix Nobel de maths.

Je suis un lycéen de 17 ans qui s’interroge sur son avenir professionnel : comment m’expliquerez-vous ce qu’est l’IA ?

programmeur intelligence artificielleAvant de répondre sur ce qu’est l’IA, essayons de répondre à ce qu’est l’intelligence tout court. Est-ce la capacité à raisonner ou à comprendre des concepts abstraits ? Est-ce plutôt le fait de pouvoir calculer des stratégies gagnantes comme un bon joueur d’échecs ? Ou est-ce qu’il y a différents types d’intelligence comme certains le prétendent ?

Pour certains, il n’y a pas un seul type d’intelligence, et on parle d’intelligence émotionnelle, motrice, artistique, etc… Si vous voyez bien, il n’y a pas un consensus global sur ce qu’est l’intelligence et pour cette raison, c’est encore plus compliqué de nous mettre d’accord sur ce qu’est l’intelligence artificielle.

L’IA est un concept difficile à expliquer, car chacun à sa propre définition et ses idées sur le sujet et je ne prétends pas contredire les autres.

À chaque fois qu’une équipe de chercheurs réussi à réaliser des exploits dans le domaine, cela cesse d’être mystérieux et le public dit « en fait, c’était juste des calculs » et l’exploit n’est plus considéré comme de l’IA…

Certains vont dire que c’est de l’IA « faible » et qu’il y a une IA « forte » qui n’a pas encore été inventée.

D’après Douglas Hofstadter, chercheur aux États-Unis, « l’IA est tout ce qui n’a pas encore été fait ».

J’adore sa définition, car elle est atemporelle et sera toujours valable d’ici 50 ans.

Dans mon cabinet et dans mes formations, je m’intéresse particulièrement au machine learning, le domaine le plus porteur de l’IA, où il y a le plus d’applications concrètes…

Pour certains, il s’agit même de l’état de l’art de l’IA. Et le machine learning, ce n’est pas de la science fiction. Il est déjà présent dans notre quotidien. À chaque fois que nous débloquons nos iphone avec nos visages, que nous avons des recommandations de produits sur Amazon ou que nous utilisons des filtres Instagram, nous utilisons les algorithmes de machine learning.

Concrètement, ces logiciels sont fait avec beaucoup de données et des maths… Et c’est un domaine très porteur qui embauche et qui paie très bien.

programmation intelligence artificielleQuels sont les secteurs dans lesquels l’IA jouera un rôle important dans les 10 ans à venir ?

De l’industrie à l’agriculture, en passant par l’assurance et le retail, toutes les industries sont concernées par l’IA.

L’une des premières industries à avoir investi dans des logiciels d’IA, c’était le secteur financier, car c’était le seul secteur qui avait les moyens et les ressources pour le faire.

Mais avec la démocratisation de l’infrastructure informatique grâce au cloud computing, toutes les industries peuvent entraîner des modèles de machine learning si elles arrivent à trouver les données nécessaires pour le faire.

L’une des industries qui investi le plus dans ces algorithmes actuellement, ce sont les médias, pour faire des campagnes publicitaires ultra ciblées.

Quels sont les métiers ayant recours à l’IA ?

D’après Andrew NG, l’une des personnes les plus influentes dans le domaine…

si l’on peut faire une tâche intellectuelle en moins d’une seconde, cette tâche sera forcement automatisée.

Tous les métiers sont concernés et même les cadres supérieurs peuvent intégrer ces nouvelles technologies dans leur quotidien pour automatiser des tâches, alléger la charge de travail ou tout simplement analyser des données pour prendre des décisions plus objectives.

L’un des métiers qui investi le plus dans les applications d’IA actuellement c’est le marketing.

Quelles formations dédiées à l’IA existent aujourd’hui ?

formation IAEn France, malheureusement il n’y a pas trop d’offres de formations pour l’instant. Simplon propose une formation en IA en partenariat avec Microsoft et il y a quelques bootcamps comme Vivadata ou Blent qui commencent à être proposés sur le marché.

Sinon, il y a beaucoup de formations en ligne, via des MOOCS pour se former sur le sujet. Moi même, j’ai suivi les formations en machine learning et deep learning sur Coursera et je ne peux que les recommander !

Enfin, pour découvrir l’IA, je propose deux ateliers www.atelierdecouverteintelligenceartificielle.com et www.atelierdeeplearning.com ce sont deux ateliers d’une journée chaque, qui permettent de découvrir le métier et les enjeux.

Le premier a la particularité qu’il est ouvert à tous et qu’il ne faut pas être développeur ni matheux pour y participer.

Quelles sont les limites (fonctionnelles ou éthiques par ex) de l’IA ?

Nous ne sommes pas aujourd’hui trop limités par la capacité de calcul ni par les modèles mathématiques. Je dirais que les limites de l’IA sont dictées plutôt par la réglementation, qui certes, protège notre droit à la vie privée, mais elle le fait au détriment de l’innovation.

coding intelligence artificielleLa donnée médicale par exemple, est une mine d’or pour développer des nouvelles applications de santé et de prévention, mais en règle générale, ce type de donnée est extrêmement difficile à manipuler d’un point de vu légal.

Prenons par exemple la conduite autonome. Aux États-Unis, on voit déjà des voitures qui se conduisent toutes seules dans la rue, mais en France, le cadre légal ne le permet pas encore.

Les problèmes éthiques de l’IA sont plutôt liés aux biais dans la donnée.

Si j’entraîne par exemple un algorithme capable de trier les « bons » CV pour accélérer mon processus de recrutement, il y a risque d’introduire de la discrimination (race, sexe, âge) dans le logiciel si la donnée comporte elle même cette discrimination.

Heureusement qu’il y a des techniques mathématiques pour s’attaquer à ce type de problèmes, mais encore faut-il être conscient de ces problèmes avant de commencer le travail.

Pensez-vous que l’IA seule puisse être exploitée pour tracer le parcours d’orientation personnalisé d’un jeune ?

L’IA peut faire des recommandations sur quels seraient les parcours les plus adéquats en fonction d’un jeune. Mais il ne faut pas oublier que l’IA (ou plutôt le machine learning) n’est qu’un outil et qu’il faut accepter que ses conclusions ne sont que des recommandations.

Tout comme dans le système de recommandations d’Amazon ou de Netflix, celui qui a le dernier mot sur la pertinence de celui-ci reste l’humain.

 

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Rédacteur : Eric Eymard

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