Il en va parfois des changements de vie comme de la météo en Bretagne : imprévisibles ! Isabelle Grugeaux, Conseiller d’Orientation scolaire à Paris, vous le confirmerait. À l’issue d’un bilan de compétence, cette ancienne cadre dans la finance a repris ses études pour aider celles et ceux qui s’interrogent sur leur formation, pour accompagner celles et ceux qui souhaitent trouver leur voie professionnelle. Car, si certains jeunes pressentent dès le plus jeune âge ce qu’ils feront de leur vie, d’autres hésitent, doutent, tergiversent. C’est aussi à ces sceptiques-là que s’intéresse Isabelle. Ce sont leurs difficultés, leurs appréhensions, leurs incertitudes, leur incapacité à se projeter qui la passionnent et la motivent au quotidien.
Les conseillers racontent
Pour comprendre en quoi consiste le travail d'un Conseiller en orientation scolaire chez Tonavenir.net, rien de mieux que d'évoquer des cas concrets. Régulièrement, l'un d'eux abordera sur ce blog une problématique particulière à travers le récit d'une expérience vécue.
L'occasion aussi d'interroger le jeune (et parfois sa famille) quant à ses objectifs, ses souhaits, ses projets d'avenir.
Parfois aussi, les évidences sont malmenées, les convictions ébranlées; il arrive qu’un projet professionnel de toujours ne puisse jamais se réaliser en raison de soucis de santé, de contraintes financières ou d’implications scolaires.
Trouver sa voie professionnelle : une gageure ?
Thibaud a été dans ce cas. Thibaud avait un rêve : devenir pilote de chasse. À 21 ans, cet élève brillant, ce fidèle lecteur de Saint-Exupéry, ce passionné de sport adepte de ski alpin et de water polo, entraîneur attentif des enfants de son club de natation, a dû revoir ses ambitions. Thibaud est daltonien. Autant dire que dès la classe de Première, les périodes de doute ont été au jeune homme ce que les éruptions volcaniques sont à l’Islande : fréquentes ! Il obtient malgré tout son Baccalauréat avec mention et intègre une Classe Préparatoire aux Grandes Écoles (CPGE).
Isabelle Grugeaux raconte :
Alors qu’il a 16/20 de moyenne en physique et qu’il s’investit comme un forcené dans ses études, abandonnant même sa pratique sportive, Thibaud décide d’arrêter sa CPGE PTSI (Physique, Technologie et Sciences Industrielles) en fin de premier semestre. Nous sommes début 2013.
Lorsque ses parents lui proposent STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) le moral paraît remonter : il accepte avec joie et commence le cursus en septembre de la même année ! Pourtant, en 2014, à l’issue d’un stage qu’il effectue au sein d’un collège lors de sa seconde année de Licence afin de découvrir l’activité de professeur d’EPS, nouvelle phase d’incertitude. Thibaud prend conscience qu’il n’est pas fait pour ce métier. Passablement démotivé, les questionnements reprennent de plus belle.
Par ailleurs, les événements tragiques du mois de janvier 2015 à Paris ont changé la donne : Thibaud envisage maintenant de devenir Gardien de la paix et de passer le concours à l’automne (de nombreuses personnes de la famille de Thibaud travaillent dans la police nationale, dont son père). Ce revirement et le contexte dans lequel il se fait inquiètent ses parents.
C’est à cette période, en février dernier, que je fais la rencontre de la famille. Il est convenu que je commencerai le travail de recherche d’orientation avec Thibaud mi-mars. Leur souhait : trouver une alternative – toute aussi motivante – au métier de Gardien de la paix. Tenter d’ouvrir le champ des possibles pour leur fils afin qu’il puisse se projeter et choisir une voie professionnelle dans la continuité de ses études pour un éventuel master.
Avant de réaliser le test d’orientation tonavenir.net, nous convenons avec Thibaud et sa famille de ne pas se cristalliser sur les métiers de la police. Le test révèle un jeune homme conventionnel, pragmatique et investigateur. Sa motivation principale (au maximum du test !) : avoir des responsabilités. Le test nous apprend aussi que Thibaud est un garçon timide, méthodique et réactif.
Fin avril 2015, après une recherche poussée et enquête auprès des universités, je livre le dossier d’orientation, qui inclue la sélection des métiers retenus par Thibaud, en cohérence avec son cursus STAPS : Gestionnaire de Club de sport, Conseiller technique sportif / d’animation sportive, Responsable d’événements sportifs, master Ergonomie des Activités Physiques Ingénierie et Conception de Produits à l’université de ChambéryIngénieur produit / Recherche & développement, Préparateur physique. L’ensemble des masters permettant de se former en France à ces différents métiers sont aussi consignés dans le dossier et explicité formation par formation à la famille.
Un cursus retient d’abord particulièrement leur attention : le Master STAPS – Métiers de la sécurité à l’université de Rennes. Cette formation, unique en France, a été créée à l’initiative du conseil de l’Europe et des représentants du monde du football (Fédération Française de Football, Ligue de Football Professionnel et UEFA). Objectif : former des spécialistes de la sécurité lors d’événements sportifs. Mais à l’issue d’un Travail Dirigé (TD) qu’il effectue à l’Université Paris 5, Thibaud opte finalement pour une formation qui figurait aussi dans mes propositions : le Master STAPS de Créteil Entraînement et optimisation de la performance sportive parcours Analyste de la performance / Statisticien.
Aujourd’hui, tout porte à croire que ce choix de formation a permis à Thibaud de trouver sa voie professionnelle.
Peux-tu nous dire quelle formation tu suis aujourd’hui et si elle te convient ? Tes rêves de pilote de chasse sont-ils désormais oubliés ?
Je suis actuellement en 3ème année de licence STAPS, mention Entraînement Sportif, à Paris Descartes. Cette formation me convient très bien, j’y retrouve beaucoup de choses que j’aime, que ce soit dans la pratique ou dans la théorie. Oui effectivement, mes rêves de pilote de chasse sont désormais oubliés, je n’ai pas de regrets.
Quel était ton état d’esprit au moment des attentats de janvier dernier ? Pourquoi cet événement t’a-t-il conduit à vouloir devenir Gardien de la paix ?
J’ai toujours habité près de Porte de Vincennes et j’ai aussi de la famille dans la Police Nationale donc j’ai plutôt mal vécu les attentats, j’ai ressenti beaucoup d’énervement pendant plusieurs jours voire semaines. J’ai toujours été passionné par le métier de Gardien de la paix, mais je n’ai jamais voulu essayer de l’exercer. Donc oui, je pense que cet événement m’a motivé à m’inscrire au concours. Pourquoi ? Pour me dire que je suis utile pour notre pays, avoir le sentiment d’aider les autres en luttant contre la criminalité par exemple.
En quoi la démarche et le processus mis en place par Isabelle ont-il pu t’aider à trouver ta voie professionnelle ?
Le travail effectué par Isabelle m’a permis de découvrir des formations et métiers dans le domaine du sport que je ne connaissais pas. Aujourd’hui, environ 5 mois après avoir vu Isabelle, j’ai décidé de continuer mes études en STAPS, terminer ma licence, et même commencer un master l’année prochaine. Je mets le métier de Gardien de la paix de côté pour une voie de secours si jamais je ne réussis pas dans le sport.
Avec le recul, quels conseils donnerais-tu à un adolescent qui vivrait la même expérience que toi ?
On trouve parfois nos parents rabat-joie, on se dit qu’ils répètent 50 fois la même chose, mais ils ont souvent raison… je m’en rends compte aujourd’hui. De plus, si un adolescent ne sait pas quoi faire plus tard, qu’il n’a pas d’idées de métiers, je lui conseille d’aller voir Isabelle, il y a un très gros travail personnalisé et individuel qui est effectué, vraiment intéressant pour découvrir des métiers, et se découvrir soit même !