Depuis sa mise en place en 2010, le Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) a permis de sélectionner plus de 5000 projets innovants. Ouvert en 2017, le 3e acte du PIA comporte deux appels à projet qui s’inscrivent dans la volonté de l’actuel gouvernement d’aider les jeunes à trouver leur orientation post bac.
Subside partiel des dispositifs d’aide à l’orientation post bac, le PIA fêtera ses 10 ans en 2020
Alors qu’il dépassait 1,5% au début des années 90, la part de l’investissement public non financier dans le PIB n’atteignait pas les 0,2% en 2015. Selon l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE) à l’origine du constat, jamais la France n’avait été à un si faible niveau d’investissement depuis un demi-siècle.
Les 35 milliards d’euros réclamés en 2009 par Alain Juppé et Michel Rocard dans leur rapport Investir pour l’avenir n’ont à priori pas suffit à freiner la tendance.
C’est néanmoins sur la base des conclusions de ce rapport que le PIA (initialement nommé Grand emprunt) naquît. Et que près de la moitié de ce montant fut provisionné pour l’enseignement supérieur et la recherche (ESR).
Dans le cadre des 3 programmes successifs initiés depuis 2010, près de 60 milliards d’euros auront été approuvés pour financer ces investissements. Dont plus de 50% au bénéfice de l’ESR.
L’e-éducation est financée par le PIA
Solutions d’apprentissage interactive en ligne, dispositif d’accès à la lecture et à l’écriture pour les personnes présentant des déficiences visuelles ou auditives, cartographie du socle commun des savoirs pour les classes de primaire… S’il ne comporte aucun dispositif lié spécifiquement à l’orientation, le volet e-éducation est une partie intégrante du Plan numérique. Il bénéficie des crédits du PIA et favorise le financement d’actions et de projets autour de la recherche fondamentale et industrielle, de la formation, du transfert de technologie, etc.
Depuis son lancement en 2011, quelques dizaines de plateformes et d’outils numériques ont pu être développés.
Le PIA est une composante du Grand Plan d’Investissement (GPI) du gouvernement d’Edouard Philippe
« Transition écologique », « Société de compétences », « Compétitivité innovante » et « État numérique » sont au GPI conduit par Edouard Philippe et annoncé à l’été 2017 ce que les 7 axes du rapport Juppé-Rocard était au rapport Investir pour l’avenir.
Au total, 57 milliards d’euros devraient être débloqués durant le quinquennat pour financer les 4 enjeux du GPI.
Le GPI joue un rôle essentiel pour stimuler la croissance et renforcer l’attractivité de notre pays (…) Le récent rapport de Jean Pisani-Ferry sur le GPI l’a confirmé : la transition énergétique, la formation, la modernisation de notre économie comme de nos administrations demeurent des objectifs structurants à long terme pour notre nation.
Patricia Barbizet, présidente du Comité de surveillance du Secrétariat du Grand Plan d’Investissement – Rapport d’activité 2017
Le PIA 3, annoncé par François Hollande en 2016 et approuvé l’année dernière, s’insèrerait dans ce plan à hauteur de 10 milliards d’euros.
Il aurait trois priorités :
- soutenir les progrès de l’enseignement : 2,9 Mds€
- valoriser la recherche : 3 Mds€
- accélérer la modernisation des entreprises : 4,1 Mds€
Quelles seront les grandes orientations du PIA 3 ?
Sur le fond, les priorités du PIA 3 doivent demeurer celles du PIA 1 et du PIA 2. Une part essentielle sera consacrée à l’enseignement et à la recherche et à la valorisation de la recherche. Le numérique et la transition écologique seront des priorités transversales qui concerneront tous les secteurs. Nous voulons également renforcer l’action du PIA en faveur des secteurs prioritaires où la France a des atouts d’excellence, tels que les industries agroalimentaires ou le tourisme.
Louis Schweitzer, ancien commissaire général à l’investissement – Rapport d’activité 2015
Reste à savoir si entre la bio-impression laser de tissus vivants et le robot enjambeur agricole, il restera quelques deniers pour financer des projets autour de l’orientation scolaire et professionnelle ?
L’aide à l’orientation post bac laisser-pour-compte du PIA 3 ?
Le Plan étudiants présenté fin 2017 constitue une réponse aux difficultés rencontrées par les lycéens au moment de leurs questionnements et choix d’orientation.
Insuffisance d’informations sur les formations post bac et les débouchés professionnels, manque d’accompagnement et d’aide à l’orientation, méconnaissance des « attendus » universitaires… grâce aux quelques 120 millions d’euros débloqués pour 2019, la réforme devra compenser les faiblesses du système existant en introduisant la notion de « parcours personnalisé » en lieu et place de celle de « cursus ».
Dans cette perspective, l’instauration des deux semaines consacrées à l’orientation, l’extension du tutorat ou la nomination d’un professeur principal bis en charge de l’accompagnement des élèves visent à faciliter la construction d’un parcours d’études post bac cohérent et pérenne.
L’argent étant le nerf de la guerre, sans doute pouvait-on s’attendre, au regard de ce défi majeur, à ce que la répartition budgétaire du PIA 3 favorise les projets liés à l’aide à l’orientation.
Appréhender la sincérité d’une volonté politique suppose de s’intéresser à la réalité des efforts financiers consentis. Et la méthode à employer implique parfois une certaine dextérité dans le maniement des poupées russes.
À moins que d’autres moyens ne soient débloqués dans les mois à venir, sur les 10 milliards du PIA 3 piochés dans les 57 milliards du GPI, 80 millions seraient en définitive octroyés à l’amélioration du processus d’orientation. Soit 0,8% du budget alloué au PIA 3.
Cette somme est répartie sur deux appels à projets.
Doté de 70 millions, le premier – Dispositifs territoriaux pour l’orientation vers les études supérieures – s’intéresse à la façon d’améliorer l’information sur les filières, leurs débouchés et les attendus, afin de simplifier l’élaboration d’un parcours d’orientation.
Les 10 millions d’euros attribués au second appel à projet – MOOC et solutions numériques pour l’orientation vers les études supérieures – serviront à créer un ou des outils numériques d’aide et d’accompagnement à l’orientation destinés aux lycéens et aux étudiants.
Ces quelques millions alloués à des propositions dont l’aboutissement n’est pas encore garanti pourront-ils compenser la suppression programmée des Centres d’Information et d’Orientation (CIO) et le transfert aux régions des Délégations Régionales de l’Onisep ?