Accueil > Le Mag > Quand le Sénat s’intéresse à l’orientation scolaire en France

Le grand avantage des rapports, enquêtes, statistiques et autres études sur l’orientation scolaire en France, c’est qu’ils se suivent… Et se ressemblent. Au moins sur les constats. Pourquoi est-ce un avantage ? Parce que leurs conclusions vont dans le sens de ce que nous, chez Tonavenir.net, avons mis en place depuis 2009, dans la perspective d’offrir à nos jeunes protégés un accompagnement totalement personnalisé. Parce que ces conclusions inquiétantes renforcent notre conviction d’apporter, sinon la solution, en tout cas une solution aux déficiences pointées, à la diminution des moyens alloués et à l’inertie du politique.

Fin juin, c’est le « rapport de la mission d’information sur l’orientation scolaire » qui a été publié. Cette mission mise en place en mai 2015 à l’initiative de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, a requis l’implication de quinze sénateurs de tout bord politique durant plus d’une année d’enquête.

rapport orientation scolaire en france

Les conclusions du rapport sur l’orientation scolaire ne sont guère réjouissantes

(…) l’orientation se résume bien souvent à une suite de décisions ponctuelles prises à l’occasion des classes « palier ». Fondée sur les résultats scolaires obtenus dans les matières générales, l’orientation consiste en une répartition des élèves dans des filières strictement hiérarchisées et compartimentées. Elle s’assimile à une forme de tri social, tant les déterminismes et les stéréotypes sont puissants. L’accès à une information de qualité sur les parcours scolaires et les procédures d’affectation demeure très inégal, pénalisant les familles les plus éloignées de la culture scolaire. L’affectation, qui répartit les élèves entre les différentes formations, conduit parfois à des orientations subies, alimentant le sentiment d’échec et le décrochage scolaire. Les résultats décevants du système éducatif – faible insertion des diplômés de l’enseignement professionnel et échec massif en licence universitaire, où certains élèves sont orientés sans perspective de réussite – conduisent à s’interroger sur l’efficacité du processus d’orientation.

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Quant aux recommandations visant à « insuffler une nouvelle ambition à l’orientation scolaire », elles s’articulent autour d’un curieux mélange d’objectifs à atteindre (mais de quelle façon ?) et de propositions dont on peine, pour certaines, à percevoir autant l’esprit novateur, que la pertinence.

Ainsi, par exemple…

La formation continue, un sujet évoqué par pléthore de ministres depuis de nombreuses années, doit être renforcée afin de permettre aux actifs de gagner en qualification tout au long de leur vie.
Outre sa dimension académique, la notion d’insertion professionnelle est appelée à compter parmi les missions du système éducatif.
La valorisation de la formation professionnelle doit être accentuée; plus généralement, les rapprochements avec le monde professionnel sont plébiscités par les sénateurs, sous des formes qui d’ailleurs ne devraient pas combler de joie tous les acteurs concernés :
• stages obligatoires en entreprises pour… Les enseignants !
• possibilité de confier la présidence d’un conseil d’administration de lycée au représentant d’une entreprise;
• encourager la mixité des profils au sein d’une classe en proposant à des « élèves sous statut scolaire », des apprentis, voire des adultes en formation continue de partager un enseignement… Et leur goûter de 4h à la récréation ?
Les régions se verraient confier la gestion des Centres d’Information et d’Orientation (près d’une trentaine fermée au cours des 4 dernières années) et du réseau Information Jeunesse; le rapport ne mentionne pas si ce transfert de compétences s’accompagnerait d’un transfert concomitant de financement.
Bien qu’il fasse déjà partie de leurs prérogatives, les enseignants seront ravis d’apprendre qu’en plus de leur mission d’enseigner, leur rôle de conseiller en orientation sera réaffirmé et leur formation renforcée dans cette perspective. Formé comment ? À quoi ? Combien de temps ? Les sénateurs aiment le mystère.

Les sénateurs inventent l’auto-orientation scolaire

Mais la recommandation la plus audacieuse concerne le processus d’orientation. La meilleure façon de ne pas assumer une responsabilité consistant à s’en décharger, le rapport suggère, non sans finesse, que l’orientation soit du ressort de l’élève lui-même :

Une orientation réussie est d’abord une orientation choisie et élaborée par l’élève lui-même. Cela doit se traduire par un changement sémantique : l’élève n’est plus orienté mais il s’oriente.

Le gros avantage de la solution tient au fait qu’en cas d’erreur, de choix prématuré, ou fait par défaut ou méconnaissance des filières et des cursus, l’élève et ses parents (dont l’implication accrue est également suggérée par le rapport) seraient tenus pour responsables de cette « orientation choisie ».

Quand on sait que 100% des jeunes qui viennent voir un conseiller d’orientation Tonavenir.net sont soit dans l’incapacité de se projeter dans un projet d’orientation, soit s’avouent perdus dans les milliers de formations existantes, on peut douter de l’efficacité de la suggestion.

Cela étant dit, chez Tonavenir.net nous sommes de nature optimiste et de tempérament constructif. Alors s’ils le souhaitent nous invitons cordialement nos 15 amis sénateurs à passer une journée en compagnie de l’un de nos conseillers afin d’appréhender les problématiques qui nous sont confiées. Et surtout la façon dont nous y répondons.
Faites passer l’invitation !
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